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Mathias Lessort (Monaco): "Remporter l'Eurocup serait le plus grand titre de ma carrière"

Vainqueur sur le fil de l’Unics Kazan lors du match 1 de la finale d’Eurocup (89-87), l’AS Monaco joue ce vendredi soir (18h) le match retour en Russie avant une éventuelle belle, dimanche. Grand artisan du succès monégasque mardi soir (17 pts, 5 rebonds), le pivot international français Mathias Lessort se dit impatient et prêt au combat à quelques heures d’un choc dans une salle russe chauffée par un public hostile aux hommes de Zvezdan Mitrovic. 

Mathias Lessort, comment vous sentez-vous après avoir voyagé à l’autre bout du monde avec Monaco pour la finale retour de l'Eurocup à Kazan, à 800 km à l'est de Moscou ?  

C’était une très longue journée de voyage. On est parti mercredi à 4h30 du matin, quelques heures seulement après le match, pour arriver à 21h30 avec deux escales à Paris et Moscou. Se lever aussi tôt après un match, c’est très fatigant. On a pu dormir dans l’avion et bien se reposer en arrivant. Certains n’ont pas dormi entre le match et le départ, moi je ne voulais pas dormir non plus mais je n’ai pas réussi (rires).  

Avec le recul, comment analysez-vous ce match 1 arraché sur le fil ?  

Comme prévu, c’était un vrai combat. Je l’ai revu, on a fait des erreurs sur beaucoup de choses. C’était un combat difficile, on a dû se battre sur un paquet de ballons et on a montré qu’on était déterminé comme lorsqu’on a enchaîné quatre rebonds offensifs de suite. On a laissé trop de liberté à Kazan, on a mal géré quelques contre-attaques mais on va trouver des solutions pour ce match 2.

Quel a été le discours du coach ces dernières heures ?  

Il nous a dit qu’on avait fait un bon match mais que rien n’était fait. Avant la rencontre, il nous avait déjà bien motivé, à la mi-temps aussi quand on était mené (42-44).  

On a l’impression que rien ne peut faire douter cette équipe, que vous avez un mental à toute épreuve…  

Et pourtant à un moment, on a flanché et les Russes ont fait un petit écart. Il y avait beaucoup d’incompréhensions sur le terrain, on avait du mal dans les stops, on leur laissait trop d’espaces et eux faisaient des runs. Après, on est des compétiteurs, on n’allait quand même pas baisser les bras en finale, on a fini par se retrouver.  

Après le match, Rob Gray (23 pts mardi) était de retour sur le parquet pour enchainer les shoots…  

Chacun a sa routine, Rob n’était pas satisfait de sa prestation aux shoots et est retourné travailler. Ça prouve qu’on ne se contente pas de la victoire à elle seule. Je sais aussi que j’ai des choses à revoir après mon match de mardi. Ma défense en pick and roll était loin d’être la meilleure, j’aurais aussi pu faire beaucoup mieux aux rebonds (5 rbds).  

Vous avez été nommé dans le 5 majeur de cette Eurocup, c’est une fierté ?  

Ça fait toujours plaisir d’être dans un 5, d’être récompensé mais le plus important c’est de gagner cette finale, c’est encore mieux d’entrer dans l’histoire.  

"Faire taire une salle est une aussi une super sensation"

Le match 2 à Kazan se jouera avec du public. Le voyez-vous comme un élément déstabilisant ou motivant ?

Ça va être excitant d’entendre des fans, des encouragements et des sifflets, ça va ajouter un truc en plus. On est tous professionnels, on a tous déjà joué des gros matchs et on sait ce que c’est. C’est vrai, ça fait un moment qu’on joue à huis clos mais on a connu quelques matchs avec du public cette année à Moscou et Malaga. J’ai joué en Serbie et là-bas, j’en ai connu des salles chaudes, c’est toujours particulier, dans un sens comme dans un autre. Faire lever la foule à domicile quand tu marques, c’est plaisant, mais faire taire une salle est une aussi une super sensation.  

Quelles seront les clés pour venir à bout des Russes ?  

Il faudra défendre de la même manière sur Jamar Smith (meilleur marqueur en Eurocup cette saison et limité à deux points à Gaston-Médecin mardi). On a beaucoup trop laissé jouer leur meneur Jordan Theodore, il avait trop de liberté, trop de passes ouvertes. Il faudra corriger ça.  

Et vous avez souffert face à Artem Klimenko (22 points mardi alors qu’il était à un peu plus de 2 points de moyenne depuis le début de la compétition)...

Ce serait mentir de dire qu’on l’attendait, c’est vrai. Il fait 2,15m donc sous le panier il n’a plus grand-chose à faire, il aurait fallu le laisser plus loin du panier. 

Vous manquez de géants pour faire face à ce profil de joueur ?  

Non, on ne s’est jamais senti en difficulté parce qu’un adversaire était trop grand. On a joué contre des équipes qui avaient des joueurs de ce profil et contre qui on n’a pas eu de problèmes.

A quel rang placeriez-vous ce succès si vous veniez à l’emporter ce vendredi ?

Alors déjà, il faut gagner et je préfère l’avoir (le trophée) avant de trop parler, mais ce serait le plus grand titre que j’aurais gagné dans ma carrière.  

Plus beau que la médaille de bronze obtenue avec les Bleus en 2019 ?  

C’était un super moment mais on ne peut pas comparer une Coupe du monde et une Eurocup, comme on ne peut pas comparer une médaille et un trophée. Il y a une différence.  

Pour ça, il faudra éviter à tout prix le match 3…  

C’est sûr qu’on aimerait réduire la série à deux matchs, ce sera difficile. Il faut rappeler que Kazan était mené 1-0 en demie contre Bologne (favoris de la compétition) et n’avait pas l’avantage du terrain. Ils vont se donner à fond et vont se battre, c’est certain.  

Ce genre de rencontre, c’est un bon test avant l’Euroleague ?  

Un test ? Mais c’est fini les tests, on est à l’examen final là ! On va être sur un match de niveau Euroleague, sur le plan physique comme tactique. L’an prochain, c’est encore loin et d’ici là, beaucoup de choses vont changer à commencer par les effectifs… Mais ça nous y prépare.  

Clément Brossard