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NBA: coups bas, déclarations polémiques… comment Embiid est devenu l'ennemi public N°1 dans la série Knicks-Sixers

L’image de Joel Embiid ne cesse de se dégrader au fil des matchs entre les Philadelphie Sixers et les New York Knicks, au premier tour des playoffs NBA. Entre une succession de mauvais gestes et une attitude clivante, le pivot est plus que jamais au cœur des critiques.

Chahuté dans sa propre demeure. Dimanche soir, quelques minutes après le match 4 du premier tour des playoffs NBA, remporté par les New York Knicks sur le parquet des Philadelphie Sixers (97-92), une douce euphorie collective s’est emparée des couloirs du Wells Fargo Center. La célébration des fans des Knicks, venus en nombre pour supporter leur équipe en Pennsylvanie, a même pris des allures de lynchage publique.

À grands coups de "Fuck Embiid, fuck Embiid", les fans de New York se sont ainsi payés le pivot des Sixers. Les images sont aussi surréalistes que peu glorieuses pour les supporteurs de Philadelphie, impuissants devant cette démonstration de force dans leur salle. Mais elles en disent surtout long sur les passions que déchaîne Joel Embiid.

Alors qu’il cristallise les tensions en France, avec une promesse (non tenue) de jouer pour les Bleus dans une lettre envoyée à Emmanuel Macron, le MVP de la saison 2022-2023 a réussi l’exploit d’être au moins aussi détesté de l’autre côté de l’Atlantique. Une "performance" qu’il ne doit qu’à lui-même.

Absent des terrains pendant un peu plus de deux mois à cause d’une blessure à la rotule, l’ex-futur pivot des Bleus n’a fait son retour à la compétition qu’une dizaine de jours avant la fin de la saison régulière. Il a immédiatement dû se remettre dans le rythme pour affronter les Knicks et leur défense ultra-intense lors de ce premier tour des playoffs. Après deux défaites sur le parquet de New York (111-104 et 104-11, 21 et 23 avril), il s’est fixé un objectif avant les matchs 3 et 4 à Philadelphie: jouer le plus dur possible.

Un "sale geste"... qui a envoyé Mitchell Robinson à l'infirmerie

Et Embiid a tenu sa promesse. En naviguant dangereusement entre le viril et l’incorrect. L’une de ses actions les plus discutables est sans aucun doute son geste sur Mitchell Robinson lors du match 3. Alors qu’il est au sol, Embiid agrippe la cheville du pivot des Knicks au moment où ce dernier saute pour inscrire deux points faciles près du panier. Robinson chute et se fait mal à la cheville, une blessure qui l’a contraint à déclarer forfait pour le match 4, dimanche soir.

"C’était un sale geste", a pesté Donte DiVincenzo, arrière des Knicks, après la rencontre. "Ce n’était pas un geste de basketteur", a renchéri Isaiah Hartenstein. Embiid, de son côté, a assuré que son geste était dénué de toute mauvaise intention. Selon lui, il a juste souhaité se protéger, avec le souvenir de sa blessure fin janvier (Jonathan Kuminga, joueur de Golden State, lui était tombé sur le genou) en tête. "Mitchell Robinson a sauté et a essayé de se réceptionner. J’ai tenté de m’assurer qu’il n’atterrisse pas sur moi parce qu’on a évidemment en tête cette action où Kuminga est retombé sur mon genou. J’ai eu une sorte de flashback quand il est retombé."

Les charges contre Embiid ont toutefois été alourdies par d’autres gestes plus que limites. Lors de ce même match 3, il a laissé traîner sa jambe dans les parties intimes de Mitchell Robinson (encore lui) après un shoot puis est venu percuter volontairement Isaiah Hartenstein au moment de se placer en attaque.

"C’est un gamin… donc il a une réaction d’enfant"

"Avec la rivalité entre les deux équipes, c’est normal qu’il soit détesté. Mais je pense qu’on est là au-dessus de la rivalité. Son comportement commence à agacer partout en NBA et dans le basket en général. C’est dommage qu’un joueur de ce calibre soit autant détesté", a résumé Fred Weis, consultant basket pour RMC Sport, dans le Super Moscato Show sur RMC. "On l’a toujours perçu comme un enfant. C’est un gamin… donc il a une réaction d’enfant. C’est un grand gamin de 2,15m pour 120 kg", a appuyé Stephen Brun.

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Embiid a remis ça au match 4, en laissant traîner son coude pour heurter Jalen Brunson au visage sur une pose d’écran. "C’est pour quoi faire?", lui a lancé le meneur des Knicks, qui se vengera en claquant 47 points (record de franchise) pour mener les siens vers la victoire.

Entre frustration et arrogance en conférence de presse

Personnage toujours aussi difficile à cerner, Embiid s’est par ailleurs illustré dans ses propos en dehors du terrain. Après la défaite dans le match 2, sa réaction à une question en français a fait couler beaucoup d’encre de ce côté de l’Atlantique. Interrogé dans la langue de Molière, Embiid, qui a toujours eu l’habitude de répondre en français par le passé, ne laisse pas le journaliste finir sa question et le coupe brutalement: "Je ne prends pas les questions en français."

Ultime épisode du show Embiid: ses propos extrêmement virulents après ce même match 2, perdu à l’issue d’une fin de match entachée par une polémique autour de l’arbitrage (la NBA a reconnu plusieurs erreurs, dont une faute non sifflée avant un panier à trois points décisif pour les Knicks à 13 secondes de la fin). "C’est inacceptable, putain. Cette défaite, elle est pour la ligue. C’est pour la NBA. C’est pour les foutus arbitres", avait alors lâché Embiid.

Une immense frustration qui a ensuite laissé sa place à une certaine forme d’arrogance. "Nous allons gagner cette série. Nous savons ce qu’il nous reste à faire. Nous sommes la meilleure équipe et nous allons continuer à nous battre." Le scénario de la série, que les Knicks sont en mesure de remporter au match 5 (dans la nuit de mardi à mercredi, à New York), ne plaide pour l’instant pas en sa faveur.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport