Cyclisme: avant Liège-Bastogne-Liège, Pogacar, Van Der Poel... et les autres

La langue de Pogacar même si elle ne parle toujours pas, à 25 ans, un mot de Français en dépit d’une maman enseignante de la spécialité, en Slovénie, a au moins le mérite de ne pas être faite de bois. Et quand on lui demande, en Anglais donc, s’il s’imagine perdre dimanche sur la Doyenne des Classiques, la réponse est sans appel "I didn’t think about it", traduisez, "je ne l’ai pas envisagé". Ça tombe bien, le double vainqueur du Tour de France est le grand favori pour succéder au double tenant du titre et absent pour blessure, Remco Evenepoel.

Il faut dire que dans la Belgique francophone, les 11 côtes prévues au programme dont 9 dans les 93 derniers kilomètres de la course correspondent parfaitement au profil de puncheur du Petit Cannibale de Komenda. En tout 4200 mètres de dénivelé positif, avec notamment les terribles ascensions de la Redoute et de la Roche Aux Faucons, placée à 13 kilomètres de l’arrivée. "C’est une course qui sied bien aux grimpeurs observe Pogacar vainqueur en 2021 de son premier "Monument" à Liège. Mais je pense que ça peut être surprenant, il faudra être attentif, il y a beaucoup de prétendants sur l’une des courses les plus longues de l’année."

"Mathieu, c'est LE coureur des grandes classiques"

Et parmi eux évidemment, l’adversaire numéro 1 de Pogacar s’appellera ce dimanche Mathieu Van Der Poel. Impressionnant, le Néerlandais a signé le triplé Grand Prix E3, Tour des Flandres, Paris Roubaix et écrasé les Flandriennes de sa domination. Mais son profil de coureur un peu plus lourd que les grimpeurs n’en reste pas moins un danger pour Pogacar: "J’ai hâte de courir face à lui. Ce qu’il a fait depuis le début de la saison est très fort admire Tadej Pogacar. Tous les ans, c’est fou, mais cette année il met la barre encore plus haut en gagnant des courses magnifiques avec le maillot de champion du monde. Il court incroyablement bien sur les courses importantes. C’est LE coureur des grandes courses d’un jour."

Pourtant, malgré un ratio de 50% de victoires cette saison sur les 6 classiques sur lesquelles il s’est aligné, Mathieu Van Der Poel a laissé une impression d’inachevé dimanche dernier lors de l’Amstel Gold Race. Parti ultra favori, il n’a finalement terminé que 22ème d’une course très animée lors de laquelle répondre aux attaques lui aura été pénible, puis impossible. Alors sur la Doyenne, l’une des rares grandes courses qui manque encore à son palmarès (sixième pour sa seule participation en 2020), Van Der Poel avance à pas de loup. "C’est la dernière course de ma campagne de classique rappelle VDP. Pogacar est très fort mais je vais tenter. Après sur ce genre de journées, ce sont plus les jambes que la tactique qui comptent. Ca va être très difficile, et si je veux être capable de gagner cette course je dois un peu changer ma préparation. J'essayerai d'être à mon meilleur. Avec les jambes du Tour des Flandres et de Roubaix, ce serait bien."

Pogacar et VDP ont rafflé deux tiers des monuments disputés depuis 3 ans

Parmi les outsiders notamment, l’Anglais, Thomas Pidcock, vainqueur de l’Amstel Gold Race, dimanche dernier, son coéquipier colombien, Egan Bernal, ou encore le Danois Mathias Skjelmose, qui a récupéré après son abandon impressionnant, mercredi, pour cause d’hypothermie lors d’une Flèche Wallonne courue dans des conditions dantesques. Si le ciel épargnera a priori les coureurs de ses caprices ce dimanche, le peloton doit quand même avoir bien en tête deux statistiques: sur les 15 derniers monuments du cyclisme disputés (depuis Liège Bastogne Liège 2021), Pogacar et Van Der Poel en ont à eux deux gagné 10. Et en 15 jours cumulés de course cette saison, les deux hommes comptent à eux deux 12 podiums dont 9 victoires. Vertigineux.