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Mort de Gino Mäder: ce que l'on sait du terrible accident qui a entraîné son décès sur le Tour de Suisse

Gino Mäder est mort à 26 ans ce vendredi au lendemain d’une chute dans le final de la cinquième étape du Tour de Suisse. Le coureur de l’équipe Bahrain-Victorious est tombé à grande vitesse pendant la descente du col de l’Albula puis est décédé malgré son hospitalisation d’urgence.

Le monde du sport et plus particulièrement celui du cyclisme est en deuil ce vendredi après l’annonce de la mort de Gino Mäder. Engagé à domicile sur le Tour de Suisse, le coureur de la formation Bahrain-Victorious a succombé ce vendredi aux blessures subies lors d’une chute intervenue jeudi lors de la cinquième étape. L’accident mortel du Suisse de 26 ans a marqué les esprits et suscité de nombreuses réactions dans le peloton.

"Malgré les efforts de l'équipe phénoménale de l'hôpital de Coire", où il avait été transporté jeudi après avoir été réanimé, le grimpeur "n'a pas pu relever son dernier et plus grand défi et à 11h30, nous avons dû dire au revoir à l'une des lumières de notre équipe", écrit la formation Bahrain-Victorious dans un communiqué pour annoncer la triste nouvelle.

Que s’est-il passé au moment de l’accident?

Alors 27e du classement général du Tour de Suisse, Gino Mäder est tombé au 197e kilomètre d’une étape reine de 211 kilomètres entre Fiesch et La Punt. Plus précisément, selon les mots de la Bahrain-Victorious, le coureur de 26 ans "a fait une sortie de route et est tombé dans un fossé".

Selon les éléments des journalistes de la chaîne L’Equipe qui se sont rendus sur les lieux de l’accident, le fossé en question se trouve près de 20 mètres en-dessous de la route emprunté par Gino Mäder et les autres coureurs. Au fond de ce ravin, un petit ruisseau flanqué d’un muret de pierres.

Au même endroit, l'Américain Magnus Sheffield (Ineos-Grenadiers) a lui aussi connu une lourde chute. Mais, si le coéquipier Thomas Pidcock s’en est finalement sorti avec quelques contusions et une commotion cérébrale, l’accident de Gino Mäder a été immédiatement plus inquiétant.

"Au kilomètre 197 de la course, dans la descente du col de l’Albula, deux coureurs ont chuté à très grande vitesse. Le médecin de la course s’est rendu sur les lieux de l’accident en l’espace de deux minutes, ont écrit les organisateurs dans leur communication après l’arrivée de la cinquième étape. Gino Mäder était inerte dans l’eau. Il a été immédiatement réanimé, puis transporté à l’hôpital de Coire par voie aérienne."

Pourquoi le final de l’étape fait polémique?

De moins en moins fréquents, les accidents mortels pendant une course cycliste font encore partie des risques pour le peloton. Quatre ans avant le décès de Gino Mäder en Suiss, le Belge Bjorg Lambrecht (22 ans) avait succombé à ses blessures après avoir chuté et heurté une structure en béton sur le Tour de Pologne. Malgré la volonté de l’UCI de réduire les risques, les organisateurs privilégient parfois le spectacle à la sécurité. Et c’est justement ce que certains coureurs ont reproché sur ce Tour de Suisse après cette cinquième étape.

"J'espère que la final de l'étape d'aujourd'hui donnera matière à réflexion tant aux organisateurs cyclistes qu'à nous-mêmes en tant que coureurs, s’est emporté le champion du monde en titre Remco Evenepoel, jeudi. Alors qu'une arrivée au sommet aurait été parfaitement possible, ce n'était pas une bonne décision de nous laisser terminer dans une descente dangereuse. En tant que coureurs, nous devons également penser aux risques que nous prenons en descendant une montagne."

Romain Bardet n’a pas vu la chute Gino Mäder mais a assisté à celle de Magnus Sheffield au même endroit. Le Français de l’équipe DSM en est encore choqué ce vendredi.

"Je n’avais pas conscience de la gravité (quand j’ai réagi jeudi soir). J’ai vu Magnus tomber devant moi et je savais qu’il y avait une autre chute mais c’est en discutant avec les autres coureurs le soir que l’on a compris la gravité, même si j’imaginais la scène, la gravité des choses, a expliqué le cinquième de l’étape de jeudi au micro de La chaîne L’Equipe. Honnêtement là il y a… (il se coupe). C'était un virage qui était dangereux, dans le sens où on ne voyait pas la sortie. Surtout on l’abordait, c’était le premier virage. On avait eu quatre ou cinq kilomètres où on pouvait monter jusque 100 km/h et là c’était le premier virage qui refermait un peu. Honnêtement, tout le monde s'est fait surprendre par la vitesse. […] J’étais en difficulté en haut de l’ascension donc je laisse une petite distance de sécurité et j’essaye d’être lucide dans la descente car on sait que la moindre erreur peut être catastrophique."

Le Tour de Suisse va-t-il continuer?

La sixième étape du Tour de Suisse entre Coire et Oberwil-Lieli prévue ce vendredi a été "neutralisée" après la mort de Gino Mäder. Les coureurs engagés dans l’épreuve rouleront les 20 derniers kilomètres jusqu’à la ville d’arrivée en formant "un cortège en hommage" au Suisse de l'équipe Bahrain-Victorious suite à une demande de sa famille.

Si les organisateurs le confirment, la course devrait donc reprendre samedi sur 183,5 km entre Tübach et Weinfelden, pour une étape qui paraît promise aux sprinteurs, avant un contre-la-montre vallonné et probablement décisif de 25,7 km dimanche entre Saint-Gall et Abtwil.

Jean-Guy Lebreton