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Coureurs apeurés, agents dans le flou... La possible fusion Soudal Quick-Step/Jumbo-Visma inquiète le monde du vélo

Signe du flou total qui règne en ce moment quant à l’avenir des formations Soudal Quick-Step et Jumbo-Visma, l’association internationale des agents de cyclistes professionnels (WARA) s’apprête selon nos informations à faire parvenir un courrier à l’UCI pour demander des éclaircissements. La plupart des coureurs concernés n’en savent pour l'heure pas plus sur leur avenir.

Avant le dernier grand week-end de compétition de la saison avec au menu le Tour de Lombardie samedi et Paris-Tours dimanche, le flou règne toujours autour de l’avenir des équipes Jumbo-Visma et Soudal Quick-Step. Alors qu’une fusion est évoquée, avec comme hypothèse majeure l’absorption de Soudal Quick-Step par Jumbo-Visma, c’est tout le microcosme du vélo qui s’interroge.

Parmi les coureurs potentiellement concernés, notamment chez Soudal Quick-Step, aucun ne semble avoir de garantie sur son avenir pour la saison 2024. Courtisé par plusieurs formations et notamment TotalEnergies, Julian Alaphilippe, ignorait tout encore ces dernières heures de cette potentielle fusion et de ce qui l’attendait pour les mois à venir. Mais engagé jusqu’au 31 décembre 2024 avec la formation belge, le double champion du monde a toujours semblé vouloir aller au bout de son contrat et attend désormais sereinement la suite des évènements.

Poser des questions et obtenir des réponses

Une sérénité qui, si elle semble être plutôt contagieuse et assez répandue chez les coureurs concernés par cette potentielle fusion, ne transpire pas chez tous les acteurs du peloton. En effet, leurs conseils et en particulier leurs agents s’interrogent également sur l’avenir. De nombreuses discussions ont ainsi eu lieu ces derniers jours entre la poignée d’agents que compte le vélo pro, qui a l'impression de "naviguer à vue". "Les agents s’interrogent eux aussi et n’ont pas plus d’informations", nous confiait ainsi l’un d’entre eux ce jeudi.

"Pourtant on aimerait savoir à quelle sauce vont être mangés les coureurs dont on s’occupe".

Dans ce contexte, la WARA (World Association of Rider’s Agents), l’association internationale des agents, s’apprête à adresser un courrier pour demander des éclaircissements sur la situation à l’Union Cycliste Internationale. Un courrier où il s’agira surtout de poser des questions et d’obtenir des réponses dans le cadre de ce dossier. Y seront formulées notamment des demandes de précisions sur la réglementation en cas de fusion et sur ce qu’il sera possible ou non de faire avec les coureurs d’un point de vue strictement légal.

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Des coureurs très inquiets, voire apeurés

Dans un communiqué, l’UCI a déjà rappelé il y a deux jours que si l’opération de fusion avait lieu, elle devrait s’accompagner du "respect des dispositions contractuelles pour l'ensemble du personnel des équipes en question (coureurs, mais aussi direction sportive et autres collaborateurs, comme les médecins, mécaniciens, assistants sportifs, chauffeurs, etc...)." Une réglementation jugée "floue" par un agent de coureur, qui n’hésite pas à faire part de sa "peur qu’il y ait de la casse".

Si les coureurs professionnels de l’équipe Soudal Quick-Step restent donc pour l’instant en stand-by, il n’en est pas forcément de même pour ceux de l’équipe réserve de la formation belge, la Soudal Quick-Step Devo. Celle-ci évolue en deuxième division du cyclisme mondial et compte principalement, comme beaucoup d’équipes réserves, de jeunes coureurs espoirs qui n’ont pas encore de contrat professionnel.

Contacté par RMC Sport, le directeur sportif d’une autre équipe continentale, qui a souhaité rester anonyme, disait avoir été contacté par plusieurs coureurs de la réserve de Soudal-Quick Step, ces derniers jours "très inquiets" voire "apeurés" par la situation. L’un d’entre eux lui a même fait part de sa crainte de voir s’évaporer pour lui le rêve d’accéder à un statut professionnel et de devoir mettre un terme à sa carrière.

"Certains, c’est sûr, ne retrouveront pas grand-chose, nous confiait-il.

"Pour les meilleurs d’entre eux, les portes s’ouvriront facilement, mais pour les seconds couteaux il vaut mieux prendre les devants."

Arnaud Souque