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"L’objectif annoncé est la médaille par équipes": Maxime Livio se livre sur ses rêves de Paris 2024

Maxime Livio sur le parcours du complet de Pau, fin octobre 2023

Maxime Livio sur le parcours du complet de Pau, fin octobre 2023 - ICON Sport

Maxime Livio, numéro 1 français et huitième mondial de concours complet (dressage, cross, saut d’obstacles), tente de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Ce serait une grande première, il n’a encore jamais vécu des Jeux. Présent au Jumping International de Bordeaux, Maxime Livio, 36 ans, s’est confié sur ses objectifs.

Maxime, vous avez vécu une fin d’année 2023 riche avec de bons résultats, notamment une victoire en Italie à Montelibretti, pouvez-vous revenir sur ces dernières semaines ce concours?

On avait pas mal d’objectifs l’an dernier. Déjà, il fallait qualifier les chevaux que l’on espérait amener aux Jeux Olympiques. Ça c’a été fait. Et fait avec un bon niveau de performance qui nous a permis de finir huitième au classement mondial. C’est bien de retrouver ces statistiques là et ces statuts là à quelques mois des JO.

A date, combien de vos chevaux sont qualifiés pour les Jeux olympiques?

J’ai quatre chevaux qualifiés, peut-être un cinquième d’ici le mois de juin. Mais dans ce groupe, il y a en vraiment deux qui intéressent la Fédération Française d’Equitation parce qu’ils ont le talent. Les autres ce sont des bons chevaux mais avec des petits défauts. Mais quand on va en équipe de France, il faut avoir des chevaux très bons dans les trois épreuves (dressage, cross, saut d’obstacles) parce que nous c’est un triathlon. J’ai un cheval qui s’appelle Api qui a terminé 6ème des championnats d’Europe, on se connait vraiment bien. Son petit défaut était le saut d‘obstacles mais il est en train de le gommer. Il a enchainé beaucoup de sans-fautes. Il a fait une saison assez légère l’an dernier mais il a fait deux concours quatre étoiles, des concours au niveau des JO. Et ça montre qu’à la commande il arrive à être performant donc c’est vraiment chouette. Et après j’ai un petit diamant brut qui s’appelle Enjoy. C’est vraiment une pépite, peut-être l’un des meilleurs chevaux que j’ai eu dans ma carrière. Mais lui, il a découvert le haut niveau, seulement l’an dernier à 9 ans. Donc forcément avec une telle échéance où tous les scores comptent, avec l’ambiance des Jeux en France, ça va peut-être être un peu beaucoup mais je pense qu’il peut compenser ça par son talent. Le début de saison va être sympa pour voir ça.

On voit quand même qu’Api a une certaine avance, de part son expérience, sur Enjoy... 

C’est sûr que si la sélection devait se faire aujourd’hui, il n’y aurait pas photo. D’ailleurs Api est dans le groupe 1 "cheval pour Paris" (la sélection de la Fédération française d’équitation). C’est légitime. Et Thierry Touzaint, le sélectionneur, a vu tout le talent d’Enjoy qu’il est venu voir en fin de saison en Italie mais il m’a dit qu’il avait encore des choses à nous montrer, qu’il ne faut pas le griller pour les JO. Moi je lui ai dit que j’allais continuer à le former et voir comment il allait répondre aux questions qu’on lui proposera. Mais à date c’est Api qu’on amènera c’est sûr.

Quel sera votre programme dans les prochaines semaines et mois?

Il y a trois ou quatre épreuves par cheval jusqu’à la dernière fin juin où la sélection officielle pour les JO tombera. Dans notre sport, on est obligé d’attendre le dernier moment pour la qualification olympique car on doit voir l’état de forme et la santé de nos chevaux après quelques épreuves. Ça peut paraitre tard mais on saura donc qu’un mois avant les Jeux. Je pense qu’Enjoy participera à une épreuve un peu plus importante qu’Api, simplement pour le retester et voir s’il assume la pression.

Les Jeux olympiques de Paris pourraient être vos premiers. Les faire à la maison, ça vous inspire quoi?

Ça fait 12 ans que je suis numéro un français et top 20 mondial et j’ai regardé passer 3 olympiades. Parce qu’un coup un cheval est trop vieux, un autre trop jeune, l’autre blessé. Mais là, ça fait quatre ans qu’on s’organise aux écuries pour avoir différents chevaux avec le bon âge et la bonne qualité pour cette échéance-là. En ce début de saison, l’idée est de ne vraiment pas prendre de risque pour moi ni pour les chevaux. Je vais les sortir sur des niveaux d’épreuves qui vont bien les préparer, les monter en puissance mais sans pousser trop les moteurs. J’ai eu la chance de faire les championnats du monde en France et c’est vrai que c’est très particulier d’être porté par tant de public. Je pense notamment sur le cross, c’est incroyable, il y a beaucoup de monde, on entend nos noms tout le long. Le parcours dure dix minutes et à chaque obstacle on entend le nom de notre cheval, notre nom, allez la France, c’est une expérience que j’ai déjà mais que j’ai envie de revivre à tout prix.

Et le lieu des épreuves à Versailles…

On a eu la chance d’aller voir comment c’était disposé et c’est vrai que c’est un cadre incroyable. Il n’y a rien de plus à dire. Le cadre sans les chevaux, sans le sport, est magnifique. Alors en rajoutant cette atmosphère, je trouve que ça correspond bien au prestige de ce que l’on vit avec les chevaux. Je ne parle même plus du sport mais nous, on a, en tant que cavalier, une relation incroyable avec eux au quotidien et je trouve que c’est de belles images d’avoir nos athlètes, nos animaux, nos copains dans un cadre comme ça et de les mettre en avant aussi bien, c’est chouette.

En cas de qualification pour les JO, quels seront les objectifs?

L’ambition de l’équipe de France est de faire une médaille. Ça sera évidemment la priorité. Si on est sélectionné, on privilégiera toujours la performance par équipe à l’individuelle. Avec mes deux chevaux, Api et Enjoy, au top de leur forme, ce sont des chevaux qui peuvent viser un top 8, top 5 ou même un podium individuel. Mais voilà l’objectif clairement annoncé est la médaille par équipe. Ça fait 2 olympiades qu’il y en a, une belle performance individuelle supportera le score de l’équipe évidemment.

Vous l’avez dit, le complet est le triathlon de l’équitation, finalement quelles qualités sont nécessaires pour les cavaliers?

Je pense qu’un bon cavalier de concours complet doit aimer les trois disciplines de la même manière. Les plus grands champions s’éclatent à faire les trois. Quand nous on s’amuse et qu’on cherche à optimiser tout ça, on amuse les chevaux et on les améliore. A haut niveau, l’épreuve la plus importante est le cross. C’est une épreuve qui demande de l’endurance, du courage, de la vitesse et une relation avec le cheval incroyable car ils doivent nous faire confiance. Nous on reconnait le parcours les jours avant la compétition mais le cheval découvre l’obstacles trois secondes avant de le sauter et il doit bien le sauter et nous faire confiance. Pour cette épreuve, les chevaux on les choisit avec beaucoup de sang, qui se rapprochent de la course, qui ont envie d’aller très vite. Alors que pour les deux autres épreuves, dressage et saut d’obstacles, on leur demande un équilibre totalement différent. C’est ce qui rend la discipline difficile et magique. On doit faire faire aux chevaux des choses qui ne sont pas forcément faciles pour eux.

Ce sont des chevaux qui sortent de l’ordinaire...

Oui, surtout dans la personnalité. En dressage, il faut absolument une locomotion incroyable, une manière de se déplacer très souple et élastique. En concours hippiques, pour sauter ce qu’ils sautent, il faut des moyens, des ressorts, du respect. Nous, on peut avoir des chevaux avec un peu moins d’aptitudes physiquement mais qui sont infaillibles mentalement. La personnalité des chevaux de complet est incroyable.

Léna Marjak