RMC Sport

A dix mois des JO de Paris 2024, la Fédération Française d'escrime est en plein tourbillon

Après l'annonce de la démission de son président Bruno Gares, la Fédération Française d'escrime vit des semaines tourmentées. Pas une très bonne nouvelle pour la displine, principale pourvoyeuse de médailles, à quelques mois des Jeux olympiques de Paris 2024.

A dix mois des JO à Paris, la Fédération française d’escrime, la plus pourvoyeuse de médailles olympiques, est au cœur d’un sacré tourbillon. Ce vendredi après-midi, la FFE annonçait la démission du président Bruno Gares pour "raisons personnelles". Son successeur sera élu dans un délai de trois mois.

En attendant, Brigitte Saint Bonnet a été choisie comme présidente par intérim, à l’unanimité des présents. "J’accepte ce poste avec un grand sens des responsabilités, forte de la confiance du Bureau, qui s’engage à travailler activement à la réussite de l’ensemble de notre projet, du développement des territoires jusqu’au succès des Jeux olympiques de Paris dans dix mois. Nous le ferons avec enthousiasme et sérénité", a-t-elle déclaré.

Des entraîneurs qui posent problème 

Ce drôle d’épisode intervient après des semaines tourmentées à la Fédération française d’escrime. Les "raisons personnelles" qui ont poussé Bruno Gares à démissionner n’ont pas été précisées. Un membre du siège fédéral, le ton bas et plutôt grave, disait ne pas vouloir développer. Mais les secousses récentes dans le milieu de l’escrime ne peuvent pas être étrangères à ce choix.

À moins d’un an des JO, l’équipe d’épée hommes a remis en cause son entraîneur, Hugues Obry, critiqué pour ses méthodes. La fracture est importante. Chez les sabreurs, la situation est encore plus étrange puisque trois tireurs ont décidé de quitter l’INSEP. Maxime Pianfetti (13e mondial), Sébastien Patrice (14e mondial) et Jean-Philippe Patrice (52e mondial) ont fait leur rentrée avec Vincent Anstett. Sauf que ce dernier ne travaille plus avec l’équipe de France pour des raisons "relationnelles" depuis le printemps dernier. Les trois sabreurs ont donc rejoint sa "Paris Fencing Academy".

Enfin, Lionel Plumenail, qui dirigeait le fleuret féminin, avait présenté sa démission au lendemain des Mondiaux de Milan, cet été. En janvier dernier, c’est la directrice technique nationale, Virginie Thobor, qui avait quitté le navire. À cela s’ajoute un signalement effectué auprès de la direction des sports du Ministère, en début d’année, concernant des dysfonctionnements en lien avec le président de la Fédération. Une mission d'inspection générale lancée en mars était toujours en cours mi-septembre, selon l’AFP. Avec six médailles mais un seul titre, les championnats du monde, en juillet, n’ont également pas été brillants. 

Une réunion avec les athlètes 24 heures avant de partir 

Pour Bruno Gares, lassé, c’est la conclusion d’un mandat débuté il y a trois ans, aussi marqué par la pandémie de Covid, le report des JO ou la crise liée à la réintégration des athlètes russes et biélorusses sous certaines conditions, à laquelle le Français était farouchement opposé. Mais même si la situation était très difficile, ce choix en a surpris certains. Des athlètes ont par exemple été informés pendant leur entraînement de la démission de Bruno Gares.

De quoi les étonner… car quelques heures avant, le jeudi, le désormais ex-président de la FFE s’était projeté sur la saison à venir. Il était en tout cas présent lors d’une réunion avec les athlètes et les entraîneurs. Au programme, une heure consacrée à chaque groupe d’arme. "Tout avait l’air normal", glisse un participant. Lors de ces réunions, certains sabreurs ou épéistes ont d’ailleurs pu faire remonter leurs problèmes liés à leurs situations inconfortables. Là encore, difficile d’en savoir plus. "Pas de déclaration pour l’instant", coupe un des membres concernés.

Brigitte Saint Bonnet, kinésithérapeute à la retraite, ancienne fleurettiste de niveau national et présidente du Comité Escrime Rhône Métropole de Lyon, a donc du travail avant de, peut-être, passer la main. D’autant que l’actualité risque encore de se charger. Côté sportif, la situation pourrait évoluer dès la semaine prochaine : selon nos informations, un séminaire des coachs est prévu avec l’Agence Nationale du Sport de lundi à mercredi prochain. Et le sort d’Hugues Obry, notamment, devrait être connu après cette échéance. 

Valentin Jamin avec Morgan Maury