Conflit Mediapro-LFP: l’inquiétude augmente chez les présidents de clubs

C’est une situation qui fait souffler un vent d’angoisse dans les vestiaires de l’Hexagone. Mediapro, le principal diffuseur du football français (Ligue 1 et Ligue 2), a demandé à LFP de renégocier son contrat pour les droits TV. Une requête repoussée par la Ligue, qui a également refusé un délai de paiement au groupe audiovisuel espagnol pour l’échéance d’octobre. Une situation qui pourrait entraîner un retard de paiement pour les clubs, dont les finances dépendent en grande partie des droits TV. D’autant que si le conflit s’enlise, il pourrait déboucher sur un divorce entre la LFP et Mediapro.

Leur deal stipule qu’en cas de défaut de paiement, et si aucune nouvelle garantie n’est apportée par l’actionnaire du diffuseur ou qu’elle est jugée insuffisante, la Ligue dispose de trente jours pour rompre le contrat. Jusqu’au 8 novembre dans ce cas précis. En théorie, la LFP pourrait se séparer de Mediapro à cette date et récupérer ses droits. Problème: selon plusieurs sources proches du dossier, le gouvernement a pris ces dernières semaines des ordonnances qui protègent davantage les débiteurs afin d’éviter les faillites, en raison de la crise du Covid-19. Ces nouvelles mesures protégeraient donc Mediapro France jusqu’au 31 décembre d’une action de la LFP visant à rompre son contrat.

Certains clubs ont un besoin urgent de trésorerie

Comme annoncé dans L’Équipe, Vincent Labrune, le président de la Ligue, entend rester inflexible dans cette affaire et ne compte pas encore évoquer une baisse des droits TV. Plusieurs clubs professionnels ont un besoin urgent des traites de Mediapro en octobre et en décembre (pour un total de 350 millions d’euros). La LFP a d’ailleurs contacté une banque pour le paiement d’octobre afin de permettre aux équipes concernées de subvenir à leurs besoins. Mediapro envisage surtout de pouvoir échelonner ses paiements d’octobre et décembre. La Ligue souhaite de son côté que les clubs reçoivent les montants négociés aux dates prévues.

L’inquiétude est très vive au sein des formations de L1et L2. La confiance en Mediapro est largement entamée. Comme révélé vendredi par RMC Sport, la situation est suivie de près par l’Elysée, qui ne peut cependant pas intervenir dans un conflit entre deux acteurs privés. L'Elysée a toutefois transmis à RMC Sport un communiqué, rappelant Mediapro à ses obligations.

"Le football professionnel français est une filière économique importante du pays, dont dépendent de nombreuses entreprises, et qui apporte une contribution significative au financement du sport amateur. Dans un contexte sanitaire qui a déjà lourdement affecté nos clubs professionnels, malgré l’appui financier significatif du gouvernement, nous déplorons la démarche entreprise unilatéralement par le groupe Médiapro. L’Etat reste particulièrement attentif et vigilant quant à la mise en œuvre du contrat liant la Ligue de Football Professionnel (LFP) à ce groupe. Si nous n’avons pas vocation à intervenir dans les discussions entre ces deux acteurs privés, nous suivons étroitement leur évolution et avons toute confiance dans les équipes de la LFP pour garantir à nos clubs ces ressources télévisuelles indispensables à leur survie et leur développement."

Un président de club résume: "Plusieurs clubs se posent des questions sur leur survie dans quelques semaines. Où sera le football français en janvier? Est-ce qu’on conservera un diffuseur? Est-ce que les droits ne seront pas sur le marché afin de recréer un nouvel appel d’offre? On n’a que des questions et pas de réponse. Le seul truc qu’on sait, c’est que Vincent Labrune se démène depuis plusieurs jours et qu’il envisage plusieurs solutions".