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Saint-Etienne-Auxerre: envahissement de terrain, voitures de joueurs détériorées… récit d’une soirée chaotique

Dimanche soir, une fois la relégation de l’AS Saint-Etienne actée, le stade Geoffroy-Guichard a basculé dans le chaos. Récit d’un après-match qui va tristement rester dans les mémoires.

Ce qui était tant redouté est finalement arrivé. Dimanche soir, le dénouement du barrage Ligue 1-Ligue 2, remporté par l’AJ Auxerre aux tirs au but (1-1 à l’aller et au retour) a littéralement embrasé le stade Geoffroy Guichard, offrant des images aussi tristes que révoltantes. Alors que les supporters stéphanois ont manifesté leur défiance à l’égard de leurs joueurs toute la saison, ils ont laissé exploser leur colère une fois la descente de leur club actée.

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Geoffroy Guichard a en effet basculé dans le chaos en l’espace de quelques secondes. Dans la foulée du tir au but de la victoire inscrit par le capitaine auxerrois, Birama Touré, des centaines de supporters, dont certains cagoulés, sont entrés sur la pelouse et ont foncé droit vers l’entrée des vestiaires, malgré un cordon de stadiers positionné en bas de la tribune latérale Henri-Point. Alors que tous les joueurs étaient encore sur la pelouse, les CRS venus se poster à l’entrée des vestiaires ont essuyé une pluie de fumigènes et de feux d’artifice. Comme rapporté par L'Équipe, deux d’entre eux ont évité de peu de prendre une barrière métallique sur le casque, mais toutes les tentatives d’intrusion dans le couloir menant aux vestiaires ont été stoppées à coup de matraque et de gaz lacrymogènes.

L'enfant en bas âge de Zaydou Youssouf en insuffiance respiratoire

Les images de la foule se mêlant aux joueurs laissaient craindre le pire, mais le premier bilan de la préfecture de la Loire fait état de “seulement” deux blessés légers dans les rangs auxerrois, auxquels il faut ajouter 14 blessés légers parmi les forces de l’ordre et 17 parmi les supporters. Comme révélé par L'Équipe, l'enfant en bas âge de Zaydou Youssouf, installé en tribune latérale, s'est par ailleurs retrouvé en insuffisance respiratoire à cause des gaz lacrymogènes. Selon le quotidien sportif, des membres d’une société privée spécialisée dans la protection rapprochée, positionnés par quatre à chaque poteau de corner, se sont chargés d’exfiltrer tous les acteurs de cette rencontre.

Furlan: "Après le match, j'ai flippé. (...) Je ne faisais que pleurer. On est tous rentrés rapidement, on avait peur qu'il en manque un ou deux dans le vestiaire donc on a compté tout le monde."

Joueurs, membres du staff et arbitres ont regagné les vestiaires dans une épaisse fumée blanche. Non sans avoir eu une belle frayeur. "Après le match, j'ai flippé, a admis Jean-Marc Furlan, l'entraîneur de l'AJA, en conférence de presse. J'ai pris je ne sais pas combien de bombes lacrymogènes, comme mes joueurs. Je ne faisais que pleurer. On est tous rentrés rapidement, on avait peur qu'il en manque un ou deux dans le vestiaire donc on a compté tout le monde."

Des voitures de joueurs détériorées

La tension n’est pas retombée une fois les deux équipes rentrées aux vestiaires, et ce n’est pas le communiqué de Bernard Caïazzo et Roland Romeyer, qui ont laissé entendre qu’ils allaient se retirer de la présidence et vendre le club, qui a calmé les supporters des Verts. L’Équipe rapporte que ces derniers ont réussi à pénétrer sur le parking des joueurs, situé dans l’enceinte du Chaudron. Alors que certaines voitures ont été détériorées, les ultras stéphanois ont finalement été repoussés par un escadron de gendarmes mobiles, aidé par un engin lanceur d’eau.

Pour les joueurs et les entraîneurs, l’après-match s’est étiré jusqu'à tard dans la nuit. Aux alentours de 22h40, Jean-Marc Furlan, le coach de l’AJ Auxerre, a dû arrêter sa conférence de presse à cause de l’intrusion de vingtaine d’individus en salle de presse. Dans le même temps, les joueurs des deux équipes étaient toujours terrés dans leurs vestiaires. Les hommes de Pascal Dupraz, qui n’a pas souhaité venir s’exprimer devant les médias, ne s’étaient toujours pas douchés plus d’une heure après la fin du match. Les Auxerrois, rejoints par leur famille et leurs proches, sont quant à eux revenus sur la pelouse peu avant minuit pour saluer les quelque 1 200 supporters bourguignons qui avaient fait le déplacement. Histoire de ponctuer cette soirée désastreuse avec quelques sourires.

F.Ga