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Youth League: parfum d’Europe ce mardi à la Beaujoire pour les U19 du FC Nantes

Lech Poznan-FC Nantes le 4 octobre 2023 en Youth League

Lech Poznan-FC Nantes le 4 octobre 2023 en Youth League - Icon Sport

Le Real Madrid, l’AC Milan, le Bayern Munich, le FC Porto… et le FC Nantes. Voici les noms ronflants que côtoient les jeunes canaris au stade des quarts de finale de la Youth League, la champions league pour les joueurs âgés de moins de 19 ans. Les hommes de Stéphane Moreau affrontent ce mardi à 18 heures à la Beaujoire le FC Copenhague. Une rencontre où ils pourront prendre encore plus d’expérience vers le haut niveau, battre un nouveau record d’affluence avec 17.000 spectateurs et viser le final four mi-avril à Nyon. Un souffle de jeunesse dans un club où les pros sont en souffrance. 

Ils sont jaunes et verts et gagnent tous leurs matchs à la Beaujoire. Vainqueurs de Lech Poznan, d’Helsinki et de Séville, les U19 du FC Nantes réalisent un parcours à l’opposé de leurs aînés de Ligue 1, qui peinent sur leurs terres depuis novembre (une victoire en neuf matchs). Champions de France U19 l’an passé, les jeunes canaris se sont offert le droit de participer à cette “ligue des champions” version junior. Avant la débâcle de ses hommes face à Metz dimanche dernier à domicile, Jocelyn Gourvennec s’était d’ailleurs exprimé sur les performances de l’équipe dirigée par Stéphane Moreau. “C'est un très beau parcours qui offre une belle vitrine au FC Nantes. Ça fait un moment depuis que je suis là, que je parle de ces liens qui unissent le club avec ses jeunes, avec son académie, c'est son ADN. C'est une source d'inspiration aussi pour nous.”

Depuis son arrivée, le coach des Canaris a mis en avant ce lien avec la formation nantaise en intégrant un peu plus les jeunes du centre que ses prédécesseurs (Zézé, Boutsingkham, Mahamoud...) même si au club on se veut prudent. "Depuis début janvier, il y a quasiment toutes les semaines une opposition entre la réserve et les pros, explique Samuel Fenillat, directeur du centre de formation du FC Nantes. Il y a 4-5 jeunes qui sont partis en stage, il y a des garçons qui ont été dans le groupe pro et qui ont fait leur entrée en jeu. Ce sont des signes concrets. Depuis 2010 que je suis directeur de la formation, j'ai connu 19 entraîneurs et lors de la première conférence on entend toujours 'on va se tourner vers la formation'. Il y a la communication et ce qui est fait. On est au mois de mars, c'est toujours la stabilité et le temps qui apportent de réelles réponses. Aujourd'hui, il y a des bons signaux pour eux, je pense que ça a dynamisé. On le voit dans l’investissement chez les jeunes. Ils sentent qu'il y a de la visibilité et qu’ils sont regardés.” 

"Aujourd’hui on ne forme plus pour un club" 

Mais si la formation est dans l’ADN du club, le football a trop changé pour retrouver au plus haut niveau comme il y a vingt ans toute une génération de Canaris. Depuis 1990, il y a en moyenne tous les ans deux ou trois joueurs qui passent pros. La seule différence, c’est que dans les années 70, ils faisaient toute leur carrière dans le même club, dans les années 90 ils partaient à 25-26 ans (Loko, Karembeu, Pedros, Ouedec...) et désormais c’est à 21-22 ans, à l’image de Quentin Merlin parti en janvier. "Si on regroupait aujourd'hui les meilleurs joueurs formés à Nantes sur ces dix dernières années, on est dans une belle équipe, constate Samuel Fenillat. Kolo Muani, Rongier, Veretout, Harit, Merlin... et j’en passe. Est-ce que c'est possible aujourd'hui ? Non, c'est compliqué de retenir quelqu'un à qui on propose quatre ou cinq fois ce qu’il va gagner ici. Et puis ça rapporte de l'argent au club pour lui permettre de continuer à fonctionner. Aujourd’hui on ne forme plus pour un club. La réalité est là."

Un constat qui n’empêche pas de profiter de l’instant sur les bords de Loire avec des U19 champions de France deux années de suite, ce qu’aucun club n’avait réussi à faire depuis le PSG en 2010 et 2011. Des chiffres qui démontrent que la formation à la nantaise fonctionne toujours. Mais plus que le succès d’une équipe, Samuel Fenillat met en avant le travail de tous, des entraîneurs aux recruteurs. “Il faut être mesuré et prendre du recul. C'est avant tout pour les gamins une super aventure parce qu'ils vivent des moments extraordinaires qu'ils garderont en mémoire tout le temps. Et puis, dans leur apprentissage, on essaie de les mettre dans les conditions des pros donc c'est extrêmement formateur. Ils touchent un petit peu le haut niveau. On va dire que c'est représentatif de l'ensemble de la formation. C'est une super expérience et ça fait rayonner aussi les couleurs du club à l'International mais il ne faut pas se tromper d'objectif. On sera certainement privé de Nathan Zézé pour jouer ce quart de finale, mais on préfère le voir chez les professionnels parce que le la finalité est là." 

Le succès des U19 est une réussite populaire 

Au bord du terrain, le coach Stéphane Moreau, revenu au club en début de saison pour succéder à Pierre Aristouy reste lui aussi très mesuré et voit dans ces confrontations européennes une grande source d’apprentissage accéléré. "On a joué en Finlande, en Pologne, en Autriche avec des structures qui travaillent très bien, et Copenhague fait partie de ces clubs. C'est intéressant car on rencontre des oppositions de qualité avec des cultures différentes, des approches différentes. Il ne faut pas qu'on se renferme sur notre formation en se disant 'ok, les Français on bosse bien, on est content'. C'est vrai mais il ne faut pas qu'on s'endorme non plus."

Un facteur participe de cette expérience engrangée par la jeune génération canaris, la possibilité de jouer des matchs devant 10 à 15.000 spectateurs à domicile. Ce soir la Beaujoire entrera pour la troisième fois dans les dix plus grosses affluences de l’histoire de cette compétition née en 2013, avec un nouveau record en France puisque plus de 17.000 spectateurs attendus (abonnés invités et cinq euros la place pour le grand public). "Cet engouement populaire, il n’y a quasiment qu’à Nantes qu’on peut voir ça, se réjouit Samuel Fenillat. Ça montre aussi l'intérêt qu'ont les gens vis-à-vis de la formation.” Une dizaine de supporters des Canaris avaient même fait le déplacement au tour précédent jusqu’en Autriche. 

Comme aux tours précédents le spectacle aura lieu sous les yeux du groupe pro emmené par Jocelyn Gourvennec. L’ancien numéro 10 apprécie lui aussi d’avoir cette ambiance unique en France pour une équipe jeune. "À Nantes, tout le monde croque dedans. C'est une belle aventure. Il y aura encore du monde pour la réception de Copenhague qui sera encore une belle fête. Mais ça colle aussi à ce qu'est le FC Nantes, un club très populaire. Je suis toujours impressionné quand on arrive en bus et qu'on traverse tout le quartier de la Beaujoire. Les gens viennent en famille, il y a les maillots, il y a les drapeaux, des petits aux grands, même jusqu'aux grands-parents. Il y a toujours une ferveur à Nantes. Je pense qu'elle est encore supérieure aujourd'hui à ce qu'elle était il y a quelques années. Il y a un côté anglais ici, dans le sens où c'est tout le stade et pas seulement une ou deux tribunes." En cas de victoire les Nantais seront qualifiés pour le Final Four qui se déroulera à Nyon du 19 au 22 avril. Une perspective qui pourrait inspirer leurs aînés de Ligue 1, qui recevront samedi à 17 heures Strasbourg dans un match capital pour le maintien. 

Pierre-Yves Leroux