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Euro de hand: Remili, Mem et Fabregas... les nouveaux tauliers des Bleus

En équipe de France depuis de nombreuses années, Nedim Remili, Dika Mem et Ludovic Fabregas, qui n’ont jamais été sacrés champions d’Europe, prennent une nouvelle dimension avec les Bleus sur le terrain et en dehors. Trois joueurs indispensables au groupe tricolore alors que la France affronte la Suède en demi-finale ce vendredi (17h45).

Nedim Remili, le leader au gros caractère

L’image est devenue fréquente. Lorsque Guillaume Gille pose un temps-mort, Nedim Remili prend régulièrement la parole pour annoncer un enclenchement ou la stratégie à adopter. Depuis qu’il a été rebasculé sur le poste de demi-centre, le joueur de Veszprem, en Hongrie, est devenu le patron de l’attaque française. Remili, c’est 122 sélections et huit ans d’équipe de France. Pas étonnant donc de le voir prendre cette épaisseur. "Un leader né", confirment ses anciens coéquipiers au PSG, Dylan Nahi et Benoît Kounkoud. A 28 ans, il est le meilleur passeur de la compétition (43 passes décisives en 7 matchs, 24 buts inscrits).

"Plus ça avance, plus il est à l’aise, poursuit Kounkoud. C’est un leader naturel. Quand il sent les choses, il les prend en main. Il dit ce qu’il a à dire. Il prend du galon sélection après sélection. Il a les clés en attaque et on en a besoin." Evoquer Nedim Remili, c’est forcément digresser sur son franc-parler dans le groupe ou face à la presse. "C’est Nedim, plaisante Nahi. Je le côtoie depuis plusieurs années, c’est un frère. On passe énormément de temps ensemble, c’est son caractère de parler. C’est ce qu’il est, il est très altruiste sur le terrain et dans la vie. Il a un gros caractère mais il va dans toujours dans le sens de l’équipe et veut mettre en avant ses coéquipiers."

La connexion et la complicité avec ses coéquipiers sur le terrain est évidente. "J'ai la chance de jouer avec des personnes que je considère vraiment en dehors du terrain, souffle le gaucher. J’ai pleinement confiance en eux. Du coup, je n’ai pas peur de leur lâcher le ballon, de savoir que même si parfois je peux faire des passes un peu pourries, ils sauront s'en sortir." L’ancien Parisien, gros chambreur, a goûté au maillot bleu le 7 janvier 2016 et ne cesse de progresser et de franchir des étapes depuis. Il compte bien repartir de Cologne avec son premier titre européen en poche.

Ludovic Fabregas, le guerrier discret

Le colosse catalan (1m98, 104 kilos) confirme une nouvelle fois lors de cet Euro qu’il est un des meilleurs du monde à son poste. Sa ligne statistique est impressionnante (32/36 au tir, 89% d’efficacité). En plus de son rendement en attaque, Ludovic Fabregas est avec Luka Karabatic le patron de la défense bleue. Un guerrier, qui se jette sur le moindre ballon qui traîne pour le bonifier. Fabregas ne laisse rien au hasard sur le terrain et en dehors. Un des plus pointilleux de l’effectif tricolore pour préparer les matchs.

"Je ne suis pas non plus un fada de la vidéo hein, plaisante-t-il. Je n’y passe pas toutes mes nuits mais pour moi c'est quand même important. Il y a une partie du match qui se joue aussi dans ce moment-là, dans l’analyse vidéo donc j’essaie d'être attentif et de faire quelques petits commentaires pour aider les copains." Fabregas le discret est de plus en plus présent dans la vie collective des Bleus et n’hésite plus à prendre la parole quand il le faut. "Mais je suis quand même discret dans le groupe, précise le joueur de Veszprem. Je pense que j'ai évolué petit à petit avec les années, l'expérience, j'ai pris un peu plus de poids dans le collectif. Aujourd'hui c'est vrai que je m'exprime plus, mais je connais aussi les limites que je ne dois pas franchir pour essayer de rester centré uniquement sur mes performances."

L’ancien Barcelonais a trouvé l’équilibre parfait entre son rendement personnel et des prises de parole qui guident le train bleu. Il y a deux ans, en demi-finale de l’Euro contre la Suède, il avait manqué un tir qui aurait offert une égalisation à la France pour la propulser en prolongation. Une étape difficile à digérer désormais derrière lui. Et rien ne semble pouvoir troubler sa sérénité.

Dika Mem, l’arme fatale

"Pour la première fois, je me sens en équipe de France comme je suis en club avec le Barça." L’introspection vient de Dika Mem lui-même. Sur le terrain, le bras gauche dévastateur de l’arrière droit est une des armes fatales des Bleus depuis plusieurs années. Mais à l’Euro, le Parisien de naissance a pris une nouvelle dimension. "Dans la vie de groupe c’est le plus gros changement, détaille-t-il. Les autres compétitions je me concentrais plus sur le terrain, là je prends un peu plus la parole sur notre façon de jouer. Je suis également plus régulier sur cet Euro. Les autres tournois, je n’avais pas le niveau que j’avais en club."

Mem est le meilleur marqueur français de la compétition, le 5e de l’Euro, avec un ratio d’efficacité incroyable pour un joueur de la base arrière. 41 buts sur 60 tirs tentés soit 68% d’efficacité. Depuis le début de saison, il cartonne avec le Barça dont il a pris le brassard et le rôle de capitaine. En Catalogne, Dika Mem a disputé plus de 320 matchs depuis son arrivée en 2016. "Peut-être qu’être capitaine du Barça m’a donné des responsabilités, raisonne-t-il. Forcément avec le brassard, tu passes un cap que tu le veuilles ou non et c’est peut-être ça qui fait que je me sens plus légitime en équipe de France." Cela fait plusieurs saisons que les anciens le poussent à prendre encore plus de poids dans le groupe, Nikola Karabatic en tête.

"Ça fait un moment que je lui dis qu'il doit s'exprimer plus, lâche la star du hand français. C'est une pièce très importante de notre équipe donc bien sûr que je le pousse. C’est important que les joueurs majeurs prennent aussi une place au niveau du leadership et qu’ils prennent la pression sur leurs épaules. C’est ce qu’on attend d’eux." "Je ne voulais pas bousculer qui que ce soit, enchaîne Dika Mem du haut de ses 113 sélections à 26 ans. Mais ça s’est fait naturellement. J’étais déjà épanoui quand je venais en sélection mais je sentais que je pouvais donner plus."

Nicolas Paolorsi