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Paris Grand Slam: Tcheuméo-Malonga, championnes à départager avant les Jeux de Paris

Elles sont championnes d’Europe, du monde, médaillées olympiques. Audrey Tcheuméo et Madeleine Malonga n’arrivent pas à se départager le fauteuil des moins de 78 kilos pour Paris 2024. Le rendez-vous parisien sera crucial. A moins que l’outsider Fanny-Estelle Posvite ne les coiffe au poteau.

Entre les deux, c’est un concours de positive attitude. Au moment où les nerfs ne doivent pas flancher, Audrey Tcheuméo et Madeleine Malonga sortent leur plus beau sourire et s’avancent sûres de leurs forces : "La tension, c’était il y a quelques mois", balaie Tcheuméo, 33 ans. "Il y a des moments de doute, de peur, c’est normal mais j’essaie d’être positive au maximum", répond Malonga.

Le "phénix" Tcheuméo

L’olympiade a commencé sous le sceau de cette dernière avant que Tcheuméo revienne d’une place de numéro 3 nationale. Elle s’est affublée du surnom de "phénix". Dans l’emballage final, c’est la plus jeune, 30 ans, qui remonte à sa hauteur. En plus de 78kg, les sélectionneurs ont écarté Julia Tolofua, pourtant vice-championne du monde 2023 au profit de Romane Dicko.

Dans le duel entre "Mado" et "Tchoum", il faudra aussi laisser sur le côté une immense judoka. Les deux ont un palmarès encore plus garni que Tolofua et Dicko. Toutes les deux ont été une fois championne du monde. Quatre sacres européens pour Tcheuméo, deux pour Malonga. La première domine aussi au nombre de récompenses olympiques en individuel : un argent et un bronze contre un argent. Tcheuméo a cherché conseil auprès de sa mère Marceline, ancienne internationale de handball : "Ma mère m’a dit : ‘ma fille il y a pire que ça dans la vie, certains sont malades toi ce n’est qu’un problème de leadership. Ce n’est rien, libère-toi'.'

"Tu as été 3e à Londres, 2e à Rio, la prochaine fois ce sera l’or"

Le début d’année 2023 a été à l’avantage de la championne du monde 2011. A Doha à la mi-mai, elle a frôlé le titre planétaire, douze ans après le premier (2e). On a retrouvé la "Tchoum" puissante comme un buffle, capable de ventiler ses adversaires dans la première minute mais aussi de tenir jusqu’au gong de fin sans faute tactique. En descendant du tatami à Rio en 2016 (2e), son entraîneur à Villemomble (93), Omar Gherram lui avait glissé à l’oreille : "Tu as été 3e à Londres, 2e ici, la prochaine fois ce sera l’or." Tcheuméo s’accroche à cette prophétie comme au judogi d’une adversaire : "Jamais deux sans trois (rires) ! Si on a la foi, j’y crois. Je pense à gagner pour moi-même, pour me prouver des choses. La vie, ce sont des combats. J’ai une voix qui me parle et me dit de finir en beauté. Je veux aller au bout de mes rêves."

La guerrière Malonga

Malonga a réalisé une année 2023 pleine de quatre grosses médailles en tournoi. Un seul accroc, une défaite au premier tour de l’Euro face à l’Ukrainienne, qu’elle aurait du retrouver à Bercy d’entrée. Elle n’a pas été pesée sous les 78kg. La judoka de Blanc-Mesnil (93), a retrouvé les ingrédients de sa période dorée 2019-2021 où elle a presque tout gagné, sauf la finale olympique. Comme sa rivale, elle a trouvé ses ressources dans son entourage de club et familial : "Je souhaite d’être sélectionnée et championne olympique. Je veux aussi profiter de la vie car il y a une vie après les JO à Paris. On ne fait qu’en parler et ça peut être difficile à gérer. Je me dis que ce n’est pas fini. Quand je regarde mon parcours ça aurait pu être terminé plus tôt, il faut y croire."

Fanny-Estelle Posvite, l'outsider

Il y a une joker dans ce duel de grandes : Fanny-Estelle Posvite. La Limougeaude, médaillée mondiale et européenne, est encore dans le jeu. Ses chances sont faibles de prendre le ticket olympique à moins d’un gros coup à Paris qui reporterait la date de la décision. Ce dont elle est capable : "Je sais que je ne suis pas le premier choix. Je fais une bonne remontada, je suis en pleine ascension. J’y crois même si on ne croit pas forcément en moi", résume-t-elle. Madeleine Malonga et Audrey Tcheuméo sont du même côté du tableau et peuvent s’affronter en demi-finale ou en repêchage.

Morgan Maury