RMC Sport

L'EPCR défend son choix d'intégrer les équipes sud-africaines aux Coupes d'Europe de rugby

L'instance dirigeante du rugby européen (EPCR) a annoncé ce jeudi l'intégration de cinq clubs sud-africains à la Champions Cup et au Challenge européen. Le Directeur général de l’EPCR Anthony Lepage a expliqué pour RMC Sport les raisons de ce changement majeur pour les compétitions continentales.

N'en déplaise à certains, cinq équipes sud-africaines batailleront en Champions Cup et dans le Challenge européen dès la saison 2022-2023. Face à l'incompréhension naissante et l'apparition de premières critiques, notamment sur les réseaux sociaux, l'EPCR va devoir effectuer un travail d'explication pour convaincre ses détracteurs. Interrogé ce jeudi par RMC Sport, le Français Anthony Lepage a justifié la décision de l'instance dirigeante du rugby continental.

"On vient de conclure les accords. Cela ne fait même plus des semaines ou des mois mais bien des années qu’on en discute. Ce sont des clubs sud-africains donc ce n’est pas anodin et c’est pourquoi cela a pris longtemps. Il fallait penser à tous les aspects. C’est la fenêtre parfaite pour les intégrer, a estimé le DG de l'EPCR dans la foulée des annonces. Ce n'est plus la Coupe d’Europe? Oui, c’est vrai que l’on peut le prendre dans ce sens-là en parlant de Coupe d’Europe. Mais avec les Anglais, est-ce aussi la Coupe d’Europe depuis le Brexit? Cela vaut aussi pour les Russes qui ont joué la Coupe d’Europe."

"Pas de débat sur les équipes de l'Est dans le football"

En parallèle de la conclusion de cet accord avec les cinq équipes africaines appelées à jouer en Europe (trois en Champions Cup: les Stormers du Cap, les Bulls de Pretoria et les Sharks de Durban ; deux en Challenge: les Lions de Johannesburg et les Cheetahs de Bloemfontein), l'EPCR a tenu à confirmer que cela ne donnerait pas lieu a une nouvelle révolution du format de ses compétitions. La Coupe d'Europe restera à 24 équipes et sauf surprise, la tendance n'est pas non plus à un changement de noms pour "les marques assez fortes" que sont la Champions Cup et le Challenge. Malgré les efforts logistiques à combler, tout est réuni pour une belle réussite selon le dirigeant contacté par RMC Sport.

"En amont, sans même parler des clubs sud-africains, il y a déjà eu l’intégration de pays d’une Europe étendue. Les Sud-Africains ne font certes pas partie de l’Europe mais ils sont sur le même méridien, sur le même créneau horaire donc c’est plus facile, a enchaîné Anthony Lepage. Certes il y a des voyages un peu plus longs mais en termes d’atmosphère en direct, cela marche très bien parce que quand il est 20h en France, il est aussi 20h là-bas. Il n’y pas de sujet à ce niveau-là. Avec le terme européen, il faut être un peu plus ouvert. Surtout qu’on l’a déjà été dans le passé et pas que dans le rugby. Dans le football, en Ligue des champions, il n’y a pas de débat sur les équipes de l’Est."

L'Europe s'ouvre sur l'Afrique

Les clubs français et anglais, en particulier, ont profité depuis de nombreuses années du renforts de stars sud-africaines. Dans le Top 14, notamment, Cheslin Kolbe fait partie des stars du championnat. Le récent vainqueur de la Champions Cup, La Rochelle, a également pu compter sur le gros travail de son duo sud-africain composé de Raymond Rhule et Dillyn Leyds.

"Il faut innover et repenser les formats, ré-elever et densifier le niveau. Que les champions du monde soient sans compétition internationale de club c’est une anomalie. Surtout que l’on a de superbes ambassadeurs dans les championnats français et anglais. Des supers joueurs qui représentent bien la culture de leur pays, a poursuivi Anthony Delage. […] L’Afrique du Sud c’est un peuple né pour le rugby et on va tous le découvrir. Cela va tellement bien avec l’esprit rugby et je pense que cela va être une agréable surprise pour tout le monde."

Et le dirigeant de l'EPCR de s'enflammer pour l'expérience du voyage en Afrique du Sud: "Ce sera un long déplacement mais surtout une expérience pour les clubs afin de les faire grandir. Pour les partenaires, pour les joueurs… quelle aventure d’aller jouer en Afrique du Sud. C’est un nouveau territoire aussi pour les fans, de nouveaux stades à voir, un nouveau public. Il va y avoir une excitation autour de cela même s’il y va aussi y avoir une crainte. C’est normal, c’est une chose nouvelle et il y a des a priori."

Lepage heureux d'un "investissement" pour l'avenir

En intégrant plusieurs franchises sud-africaines, l'EPCR espère voir les clubs en tirer profit grâce une notoriété plus grand à l'international. Idem sur le plan financier avec des revenus en hausse grâce à l'arrivée d'un nouveau diffuseur local.

"On va dire que c’est un investissement. Oui il y a forcément des implications parce qu’on va toucher un nouveau territoire. Mais il y a aussi des impacts indirects. Les clubs, par exemple, veulent une notoriété internationale mais aujourd’hui on reste au niveau européen donc cela passe par une extension et cela va les aider via les partenariats ou le télédiffuseur local que l’on annoncera bientôt, a encore expliqué Anthony Lepage. Tout cela va donner une nouvelle dimension au rugby européen. Avec le méridien, on peut considérer que l’on touche toute l’Afrique, et pas seulement le Sud. C’est important pour le développement du rugby."

Et le directeur général de conclure en ouvrant la porte à d'autres ajouts dans le futur: "On peut tout imaginer sachant que l’on est sur d’autres projets comme celui d’une Coupe du monde des clubs tous les quatre ans. Là, on va déjà accueillir les Sud-Africains. On va essayer de bien le faire. Allons-y étape par étape."

JGL avec Jean-François Paturaud