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France-Irlande: les Bleus ont-ils vraiment digéré leur échec à la Coupe du monde?

Le XV de France affronte l'Irlande vendredi (21h) en ouverture du Tournoi des VI Nations 2024 sur la pelouse du stade Vélodrome. Sans Antoine Dupont mais avec l'ambition de préparer leur montée en puissance pour les prochaines années, les Bleus de Fabien Galthié vont aussi avoir l'opportunité de laisser derrière eux l'échec de la Coupe du monde à domicile.

Une déception à la hauteur des espoirs placés en cette équipe tricolore. Quelques mois après la cruelle élimination du XV de France dès les quarts de finale de SA Coupe du monde, les Bleus de Fabien Galthié lancent l’opération 2027 avec la réception de l’Irlande lors du Tournoi des VI Nations 2024.

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Le Stade de France bloqué en vue des Jeux olympiques de Paris, le choc inaugural face aux XV du Trèfle est délocalisé au stade Vélodrome ce vendredi (21h). Après avoir repris avec leurs clubs de Top 14, les joueurs français vont cette fois retrouver leur public et tenter de faire oublier l’échec et cette amère défaire face à l’Afrique du Sud. Quoi de mieux pour y arriver que cette affiche de prestige que beaucoup espéraient voir en finale du Mondial.

"J’ai tourné la page. Je ne sais pas comment ça va se passer mais peut-être que pendant le Tournoi, le staff va en reparler pour voir où on a fait des erreurs et progresser. La page n’est pas oubliée mais elle est tournée, c’est ce qu’il faut pour progresser", expliquait Grégory Alldritt auprès de RMC Sport début janvier soit quelques jours après avoir repris en club. "On en a parlé entre nous, les joueurs, déjà. C’était important, ça faisait du bien à tout le monde. On en a parlé avec Fabien, qu’on a eu longuement au téléphone. Et avec les proches aussi, ce n’est pas un sujet tabou, ça fait partie de la vie."

Une attente moindre avant France-Irlande?

Encore faut-il réussir à rebondir après un tel échec et surfer sur l’engouement autour de ce XV de France. Pendant près de deux mois, la France a vibré presque 24h/24 au rythme de l’ovalie pendant la compétition depuis la cérémonie et le match d’ouverture contre entre les Bleus et All Blacks jusqu’au sacre des Springboks. Après avoir caressé l’espoir d’un premier titre, les supporteurs sont retournés à leur quotidien et l’engouement populaire est un peu retombé.

"Le public… Bon je crois que sur les derniers chiffres on aurait pu remplir trois fois le stade Vélodrome qui fait 67.000 places", a assuré le sélectionneur tricolore ce mercredi face aux interrogations des journalistes. "Il y a quatre ans, quand on a commencé notre mandat, il y avait 45.000 places vendues au Stade de France donc il me semble que le public est là et reste très présent. On aurait pu remplir quatre fois le stade de Lyon et deux fois celui de Lille d’après ce que je sais donc le public est présent."

Galthié rappelle que 98% des Français soutiennent les Bleus

Si le soutien des passionnés est toujours là, il suffit de voir l’affluence lors des entraînements ouverts au public et le carton de la billetterie pour les affiches du Tournoi contre l’Irlande et l’Angleterre à Marseille et Lyon, le grand public semble moins à fond derrière ce XV de France. Difficile de suivre avec autant d’excitation la montée en puissance avant France-Irlande après avoir guetté toutes les nouvelles sur la Coupe du monde jouée à domicile même si Fabien Galthié est heureux de voir les supporteurs continuer de soutenir son groupe.

"On suit ça de près parce que notre mission c’est de rassembler, fédérer et partager avec le public", a enchaîné Fabien Galthié. "On suit de près ce qui se dit et les dernières études montrent que 98% de la population française soutient l’équipe de France. Donc on est là où on voulait être et on a ce que l’on voulait, c’est-à-dire un public avec lequel on partage."

Un constat positif partagé par le nouvel arrivant en charge des arrières, Patrick Arlettaz: "J’ai vu cet engouement, j’ai vu le nombre de personnes arrivées au rugby. Mais on a senti pendant le mandat de Fabien Galthié que les Français s’appropriaient cette équipe de France et étaient de plus en plus supporteurs de cette équipe de France."

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Dupont, un symbole absent

Toujours au soutien de ce XV de France, le public est peut-être aussi un perdu à cause de la situation d’Antoine Dupont. Fer de lance et capitaine de l’équipe pendant le Mondial 2023, le demi de mêlée ne participe même pas au Tournoi des VI Nations afin de se concentrer sur son rêve de remporter le titre olympique aux JO 2024 avec les Bleus du rugby à 7.

Privé de sa star, connue de tous les Français ou presque, le groupe tricolore doit donc se redécouvrir de nouvelles têtes d’affiche. Forfait pour la Coupe du monde, Romain Ntamack n’est toujours pas de retour et Maxime Lucu comme Matthieu Jalibert, dépositaires du jeu offensif de ce XV de France, ne possèdent pas encore la même aura que leurs habituels partenaires et concurrents toulousains.

Ramos: "Peut-être besoin qu’on arrête de parler de cette Coupe du monde"

Même sans leur habituel capitaine, remplacé par Grégory Alldritt dans ces fonctions, les Bleus ne manqueront pas d’ambition pour ce choc face à l’Irlande. Une affiche qui leur donne aussi le moyen de refermer la page 2023. A l’image de Uini Atonio, Romain Taofifenua avait prévu d’arrêter avec le XV de France après le Mondial hexagonal. Mais le deuxième ligne a finalement imité le pilier et a acté son retour pour le Tournoi des VI Nations.

Titularisé d’entrée par Fabien Galthié lors du match contre l’Irlande, l’avant de Lyon aura donc l’occasion de définitivement passer à autre chose après le récent échec face aux Springboks.

"Je pense qu’on est tous impatients de se retrouver sur le terrain vendredi", a ainsi confirmé Romain Taofifenua lundi face à la presse. " Enfin pouvoir tourner cette page et repartir à zéro et montrer qu’on méritait mieux je pense."

Titulaire indiscutable à l’arrière pendant la Coupe du monde et buteur malheureux des Bleus contre les futurs vainqueurs sud-africains, Thomas Ramos s’est montré encore plus clair que son partenaire et veut penser à l'avenir plutôt que de se voir rappeler la désillusion tricolore.

"On a tous hâte d’être sur le terrain vendredi, on connaît l’ambiance au Vélodrome donc il y a tout pour faire un grand match", a lâché le joueur du Stade Toulousain et du XV de France en début de semaine. "Revanchards? Si on avait été éliminés par l’Irlande, peut-être. Aujourd’hui ce n’est pas le cas. Je pense que l’on veut tourner la page et passer à la suite. Si on gagne contre l’Irlande et si on fait un bon Tournoi, peut-être qu’on nous parlera peut-être aussi un peu moins de la Coupe du monde."

"Pour avancer et pour être performante maintenant comme dans les années qui arrivent, l’équipe aura peut-être besoin qu’on arrête de parler de cette Coupe du monde. On va être direct dans le vif du sujet et c’est tant mieux", a encore estimé Thomas Ramos avant France-Irlande.

Lancer le cycle 2027

Finale rêve du Mondial 2023, ce France-Irlande à Marseille s’apparente peut-être plus encore à duel avec les deux nations les plus frustrées de la Coupe du monde. Mais d’un point de vue sportif, la continuité est déjà toute trouvée pour Fabien Galthié. Après le raté de 2023, le sélectionneur pense déjà à 2027 et à cette compétition en Australie.

Histoire de lancer de la meilleure des manières la nouvelle ère de son mandat à la tête des Bleus, le technicien va devoir gérer ni plus ni moins qu’un match face à la deuxième nation du classement World Rugby. Il y a quatre ans, et après un Mondial 2019 plus décevant, Fabien Galthié avait débuté son aventure par un succès contre l’Angleterre dans le Tournoi des VI Nations.

"Je crois que depuis quatre ans, il n’y a pas eu de match qui s’est passé sans l’injonction de victoire. On a toujours entendu cette musique avec l’injonction de victoire", a même souligné le sélectionneur du XV de France avant la reprise de la compétition. "C’est notre mission de faire en sorte que l’équipe de France qui gagnait 35% de ses matchs par le passé continue à performer et continue à porter haut les couleurs du rugby français. Mais le chemin est fait d’obstacles. […] La défaite fait partie du chemin, l’obstacle fait partie du chemin mais nous apprécions ce contexte, cette pression et cette injonction." Ce France-Irlande demeure un sommet du rugby, titre mondial ou pas. Surtout si cela ouvre la porte vers un potentiel Grand Chelem.

Jean-Guy Lebreton Journaliste RMC Sport