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Biathlon (Mondiaux): "Ce qu’il se passe sous nos yeux est fantastique", savoure l’entraîneur des Bleues

L’équipe de France féminine réalise des Mondiaux de biathlon presque parfaits. Un quadruplé historique sur le sprint, trois médailles d’or pour Julia Simon… et ce n’est, peut-être, pas fini. Cyril Burdet, l'entraîneur des biathlètes françaises, fait le point à mi-championnat.

Cyril Burdet, ce sont des débuts de Mondiaux rêvés pour vous, non?

On n’a pas eu la médaille d’or sur l’individuel mais une nouvelle médaille de bronze. Et quand on vient dans des championnats du monde, c’est pour chasser des médailles. C’est un début de championnat de rêve pour nous. On savait qu’on avait un potentiel exceptionnel au départ de ces Mondiaux. Mais entre le savoir et le concrétiser, le réaliser, il y a tout un monde. Là, ce qui est en train de se passer sous nos yeux, c’est fantastique.

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Quatre courses, quatre médailles pour Julia Simon. Pourtant elle avait connu un début de saison compliqué. Que s’est-il passé jusqu’à ces Mondiaux?

Ça faisait partie du projet qu’elle avait établi en début de préparation. Après le globe de cristal l’an dernier, on s’était dit que ça pouvait être intéressant, cette année, d’aborder les choses un peu différemment. En ciblant un événement, en vue des Jeux olympiques, en se disant: "Est-ce que je suis capable de préparer cette compétition et de m’y présenter dans les meilleures dispositions?"

Force est de constater que cette année, elle a réussi à le faire. En début de saison, elle était un peu en-deçà. Mais depuis, elle a atteint son meilleur niveau, avec en plus une petite marge de manœuvre parce qu’elle manque un peu de fraîcheur sur les skis. On a vu aujourd’hui sur le dernier tour où elle fait d’habitude la différence. Là, il lui a manqué un petit peu. On va voir comment régler ça dans les prochains jours.

Au-delà de Julia, c’est toute l’équipe qui réalise de bons Mondiaux. Il y a quelque chose de particulier qui s’est créé dans cette équipe? Une certaine osmose?

Il y a une vraie dynamique. Une équipe qui s’appuie sur trois vraies leaders: Julia Simon, Justine Braisaz-Bouchet et Lou Jeanmonnot. Ce sont trois filles qui ont gagné en Coupe du monde depuis le début de la saison. Ça permet de répartir la pression sur plusieurs épaules et pas que sur une seule. Et derrière aussi, on a des jeunes qui profitent de cette dynamique et se disent "et pourquoi pas moi?" Ce qui fait que ça pousse tout le monde vers le haut. C’est vraiment exceptionnel à vivre.

Justement la pression à gérer, Lou Jeanmonnot l’a un peu subie sur l’individuel. Cette balle qu’elle rate est causée par le stress…

Il ne faut pas oublier que Lou n’a pas l’expérience des grands championnats à la même hauteur que Justine et Julia. Il faut aussi apprendre de ça. Sur l’individuel, elle a appris de ses erreurs, elle a été beaucoup plus active. Elle passe à une balle, potentiellement, du titre. Elle joue le titre à l’approche de ce dernier tir debout. Donc elle a encore à apprendre, mais elle a encore de beaux championnats devant elle, celui-là déjà et dans les années à venir.

Ces mondiaux ne sont pas finis, il y a encore des médailles à aller chercher. Notamment sur le relais féminin? Une course que Justine Braisaz Bouchet a coché depuis le début des Mondiaux…

Ça fait très longtemps que l’équipe de France chasse cet objectif. C’est l’un des fils conducteurs de notre projet collectif. Faire en sorte d’être le plus performant possible sur ce relais. On se présente, on le sait, en tant que favoris. On aimerait arriver à concrétiser ça. Ça fait partie des choses qui m’intéresse: voir si cette équipe va être capable d’assumer ce rôle de favorite et d’aller conquérir ce titre qui nous tient à cœur. Elles ont les armes, c’est une certitude. Mais avoir le potentiel c’est une chose, la réalisation en est une autre. On sait que dans le biathlon, il y a beaucoup de paramètres qui peuvent entrer en compte. Il faudra rester concentré.

Avant le début de la saison, il y a eu des histoires extra sportives, mais quand on voit les résultats, il y a une forme de sérénité retrouvée au sein de cette équipe de France féminine?

On vit très bien ensemble. On sait pourquoi on est ensemble, on a un vrai projet sportif à partager. Dans tous les boulots, je ne sais pas si vous vous êtes copains avec tous vos collègues... et bah nous c’est pareil. Et il n'y a aucun problème avec ça. On le sait et en même temps ça n’empêche pas de se respecter et de travailler ensemble. Et c’est ce qu’on fait très bien.

Propos recueillis par Léna Marjak, à Nove Mesto (République tchèque)