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UFC 301: la folle année de Steve Erceg, passé d’inconnu à challenger pour le titre

Opposé au Brésilien Alexandre Pantoja pour la ceinture des -57 kilos ce week-end à Rio dans le combat principal de l’UFC 301 (en direct à partir de 2h sur RMC Sport 2 dans la nuit de samedi à dimanche), Steve Erceg s’est frayé un chemin vers une chance pour le titre moins d’un an après ses débuts à l’UFC. Récit d’un parcours unique en son genre ou presque.

Un inconnu du grand public il y a un an qui peut aller chercher la plus belle ceinture de sa discipline s’il bat le héros local chez lui. Opposé ce week-end à Rio au Brésilien Alexandre Pantoja (34 ans; 27-5) pour la ceinture des -57 kilos, combat principal de l’UFC 301, Steve Erceg (28 ans; 12-1) a réussi en moins douze mois ce dont tous les combattants UFC rêvent: obtenir une chance pour le titre. Pas une première dans l’histoire. Mais une dinguerie vu la situation de l’Australien, parti de rien ou presque.

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Dans l’histoire récente, on peut citer l’actuel champion des -93 kilos, Alex Pereira, propulsé vers le titre des -84 un an et six jours après ses débuts à l’UFC. On peut aussi évoquer Michael Chandler, qui a disputé la couronne vacante des -70 kilos à Charles Oliveira quatre mois après sa première. Mais le premier était un ancien champion du Glory envoyé à la ceinture en raison de sa rivalité (datant du kickboxing) avec Israel Adesanya, roi de la catégorie à l’époque. Et le second était un ancien champion du Bellator, alors considéré comme l’organisation numéro 2 au monde derrière l’UFC.

Pour se rapprocher du cas Erceg, il faut remonter à plus de quinze ans et à un certain Brock Lesnar. Depuis, aucun membre des catégories masculines n’avait obtenu une chance pour un titre de l’UFC en moins d’un an sans avoir combattu dans une grande organisation internationale de MMA avant. Jusqu’à l’Australien. Qui partait même de bien plus loin: Lesnar était un ancien champion universitaire en lutte et une star du catch dans la prestigieuse WWE.

Tout bien réfléchi, dans l’ère moderne de l’UFC, rien ne ressemble à l’incroyable parcours de Steve Erceg – qui n’avait pas signé d’accomplissement majeur dans un autre sport de combat – pour devenir challenger du plus beau titre sur la planète MMA. "Gros fan de la WWE" dans l’enfance, le garçon se prend de passion pour le MMA quand il regarde les débuts à l’UFC de… Lesnar face à Frank Mir en février 2008 à l’UFC 81, choqué de voir le second soumettre le premier dès le premier round. Direction une petite salle locale de sa ville de Perth, la Wilkes Martial Arts and Fitness Academy, où il s’entraîne toujours aujourd’hui.

Passé chez les pros en 2016 après des débuts amateurs en 2014, "Astro Boy" (son surnom) jongle entre les deux jusqu’à fin 2019 et fait ses armes sur la scène locale australienne. Devenu champion des -57 kilos de l’organisation Eternal MMA en battant le futur combattant UFC Shannon Ross, un titre qu’il défendra une fois, Erceg signe sept succès de rang et se voit offrir la possibilité de participer à l’émission Dana White’s Contender Series – qui permet de signer à l’UFC si on séduit son patron exécutif Dana White lors de son combat – en 2022. Mais un problème de visa le prive de cette opportunité.

Après plus d’un an loin de la cage, il fait son retour en février 2023. Un soir qui va tout changer. Opposé à Soichiro Hirai dans le combat principal de l’événement Eternel MMA 73, le poids mouche australien soumet son adversaire japonais dans le premier round sur étranglement arrière. Bonne pioche: Mick Maynard, un des matchmakers de l’UFC et natif de Sydney, est dans la salle à la veille de l’UFC 284 à Perth. Impressionné par sa performance, il le signe dans la grande organisation dans la foulée. Mois de quatre mois plus tard, alors qu’il attend la date de son premier combat, l’UFC le contacte à huit jours de l’UFC 289 pour remplacer l’Américain Matt Schnell et affronter le Tchèque David Dvorak, dixième du classement des challengers de sa catégorie.

115.000 kilomètres en un an

Celui qui a toujours combattu dans son pays doit faire 15.000 kilomètres pour se rendre à l’événement. Avec un décalage horaire de quinze heures. Pas grave. L’opportunité est trop belle pour la laisser passer. "J’étais juste excité d’avoir ma chance", racontera-t-il après le combat. L’homme aux faux airs de Steve Carrell va faire mieux que saisir sa chance. Il s’offre une victoire sur Dvorak par décision unanime. Et va pousser Dana White à lui offrir un bonus de "Performance de la soirée", chose rare quand on n’a pas terminé le combat avant la limite. "Il est venu au dernier moment pour affronter un gars du top 10 et sa performance était incroyable, lance le patron exécutif de l’UFC. Il a mérité ses 50.000 dollars."

Deux autres victoires vont suivre: une décision unanime face au Brésilien Alessandro Costa au Madison Square Garden de New York pour l’UFC 295 en novembre et un KO au deuxième round sur l’expérimenté (et classé dans le top 15) Matt Schnell début mars lors d’une UFC Fight Night à Las Vegas, succès qui lui vaut un nouveau bonus de "Performance de la soirée". Arrivé au dixième rang du classement des mouches après ces trois victoires, Erceg va alors bénéficier d’un gros coup de pouce en forme de concours de circonstance. Alexandre Pantoja, qui a pris la ceinture face à Brandon Moreno en juillet avant de la défendre face à Brandon Royval en décembre, cherche un adversaire car il veut absolument être présent sur la carte de l’UFC 301 à Rio, son dernier combat dans son pays remontant à 2013.

Royval et Moreno, qui sortait d’une défaite sur le premier et avait annoncé sa volonté de faire une pause, n’étaient plus des options possibles. Et le reste du top 10 était au diapason entre des blessures, des oppositions déjà bookées, une pesée ratée au combat précédent ou une dernière performance trop peu impressionnante. Restait un nom: Steve Erceg. "Ça peut être un bon combat, lance Pantoja à Sportsnet en mars en marge de l’UFC 299. J’ai mis Schnell KO au premier round, il l’a fait au deuxième, c’est peut-être une bonne option pour l’UFC."

Le champion avait déjà des infos. Qui se matérialisent peu après avec l’annonce du choc Pantoja-Erceg pour l’UFC 301. Moins de 300 jours après ses débuts dans l’organisation, l’Australien apprend qu’il va combattre pour le titre de ses rêves. Dinguerie, on vous dit. Qui sera encore démultipliée s’il conclut cette folle année en prenant le titre au Brésil contre un Brésilien en étant seulement dixième du classement, autre rareté. En douze mois, Erceg aura combattu quatre fois et parcouru près de 115.000 kilomètres pour creuser ce chemin.

Celui qui a dû faire un sparring avec… son père dans le jardin familial pour lui prouver qu’il était assez dur à cuire pour faire du MMA en pro a la possibilité de choquer le monde à Rio en devenant le troisième Australien champion à l’UFC après Robert Whittaker et Alexander Volkanovski. Et comme chaque fois, il compte bien ne pas laisser passer l’occasion. "Je suis là pour prendre tous les challenges et prouver que je suis le mec le plus dur au monde. (…) Si vous pensez que je n’ai pas mérité ma chance ou que je ne suis pas assez bon pour ça, je me ferai botter les fesses et on passera à autre chose. Mais si je suis aussi bon que je le pense, je vais aller prendre la ceinture à Pantoja chez lui et ce sera difficile pour vous de dire que je n’étais pas assez bon." L’inconnu du grand public il y a un an ne le serait alors plus du tout.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport