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Wimbledon: la belle ferveur de la Tunisie pour Ons Jabeur avant sa nouvelle finale

Qualifiée pour sa deuxième finale de Wimbledon, Ons Jabeur se sait soutenue par tout le continent africain. Et par un carré de fans qui se débrouillent pour la soutenir au All England Club. Même si les fameux tickets ne sont pas faciles à obtenir.

Drapeau tunisien à la main pour certains, une vingtaine de fans sont postés ce jeudi soir devant le centre de presse de Wimbledon depuis une heure. Ils savent que Ons Jabeur va 'leur' revenir. Pour satisfaire ses obligations médiatiques, chaque joueur doit traverser le garden – l’endroit où sont regroupés les proches - , apparaître de visu avant de monter quelques marches et disparaître dans un bâtiment qui abrite le theatre - la nouvelle salle de conférence de presse - et la terrasse des médias où sont effectués les entretiens individualisés aux télés détenteurs de droits.

Pendant qu’il attend le retour de sa championne, Amine ne cache pas sa fierté. Grand fan de sport - il s'est rendu à la Coupe du monde au Qatar - , cet ingénieur installé en région parisienne, a posé des jours pour filer à Londres. En aucun cas, il n’était question de rater le moment historique.

"Si elle gagne samedi, on aura oublié toutes les dépenses"

"Je suis arrivé lundi, j’ai assisté aux matches contre Kvitova et Rybakina, la demi-finale et j’espère la finale." Certains spectateurs campent dans la fameuse queue pour avoir le droit d’acheter des tickets. Lui a opté pour un bed and breakfast dans le centre de Londres. "On est venus à 8h30 du matin pour pouvoir acheter un ground pass (NDLR : l’équivalent des courts annexes). Ensuite, on a fait une nouvelle queue sur la colline pour pouvoir acheter des places que des gens laissent. J’imagine que des spectateurs n’ont assisté qu’au premier match. On est rentrés sur le Central pile à 15 heures. Ca valait tous les efforts du monde finalement." Bilan de la journée : 35 pounds (20+15).

Maintenant, pour la finale de samedi, l’affaire s’annonce plus corsée. "On va essayer de se débrouiller, grimace-t-il. On va regarder sur Internet. Pour son quart de finale, j’avais craqué pour un billet à 165 livres sterling. On n’avait pas le choix. Entre le logement, la bouffe, ça monte vite… Mais on est là pour ça. Si elle gagne samedi, on aura oublié toutes les dépenses. C’est une fierté d’être là."

"Pour la finale de l’US Open, ils avaient ouvert les cafés de Tunis à 3 heures du matin"

On ne mesure pas assez la popularité au pays de Ons Jabeur, qui avait participé en octobre dernier à un WTA 250 à Monastir, mis sur pied en profitant de son aura. "Tous les Tunisiens regardent le tennis, c’est absolument incroyable, assure Amine. Tout à l'heure, j’ai vu des vidéos de gens émus par la victoire d’Ons face à Sabalenka. C’est un phénomène récent car personne, il y a quelques années, ne connaissaient les règles du tennis. Ce serait une énorme fête partout. Pour sa finale de l’US Open (NDLR : perdue face à Iga Swiatek), les cafés à Tunis ont ouvert à 3 heures du matin pour proposer le match. Il faut dire que dans les quartiers populaires, ils n’ont pas les chaînes cryptées"

A 20 heures, des "you you" résonnent dans les allées. Ons Jabeur descend les marches qui la ramènent sous le Centre Court. Elle semble hésiter à s’offrir un bain de foule. Un hochement de tête de son agent et elle descend le petit escalier, un immense sourire aux lèvres. Le service de sécurité est sur les dents. Selfies, signatures : la séance ne dure que quelques minutes. L’an dernier, la Tunisienne était restée beaucoup plus longtemps avec ses fans. "Je pense avoir tiré les leçons de l’expérience de l’an dernier", disait-elle en conférence de presse. Une finale, ça se joue parfois sur des détails. Son énergie, elle va la garder pour son match face à Marketa Vondrousova. Une fille qu’il l’a battue deux fois cette année.

Éric Salliot