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Tennis: court en travaux, météo impossible... Comment le Masters féminin à Cancun a viré au cauchemar

Comme plusieurs joueuses depuis une semaine, la numéro un mondiale Aryna Sabalenka a vivement critiqué l'organisation du Masters à Cancun (Mexique). Entre météo capricieuse, gros échafaudage et réponses lunaires du patron de la WTA, le tennis féminin vit une période délicate.

Un fiasco. En parallèle des quatre Grands Chelems de la saison, le Masters de fin de saison représente l'ultime grand rendez-vous pour les huit meilleures joueuses de l'année. Pourtant, l'édition 2023 organisée à Cancun (Mexique) ressemble à une comédie. Alors que la compétition se conclue ce lundi avec la finale entre la Polonaise Iga Swiatek et l'Américaine Jessica Pegula (22h30 heure française), les critiques fusent depuis une semaine. Car si Cancun peut sembler être la destination idéale pour des vacances de rêve, le gratin du tennis féminin mondial vit un cauchemar, parfaitement résumé sur les réseaux sociaux, principal terrain de jeu des joueuses pour exprimer leur colère.

C'est notamment le cas d'Aryna Sabalenka. La numéro un mondiale, qui pourrait être déchue de son trône en cas de succès de Swiatek ce lundi, a été la première à s'insurger des conditions catastrophiques, tout en dénonçant "un manque de respect" de la WTA, l'organisateur de la compétition. La Bélarusse a remis ça ce week-end, elle qui a dû faire face à deux reports de match face à Elena Rybakina et Iga Swiatek.

"Je suis morte de rire, ou peut-être de pleurer", a-t-elle écrit sur X (anciennement Twitter) en partageant une vidéo florilège de la semaine catastrophique au Mexique.

Un court construit à la dernière minute

Mais comment ce qui devait être une fête du tennis s'est-il transformé en véritable cauchemar? Premier élément de réponse: l'attribution très tardive du tournoi au Mexique. Alors que la WTA avait initialement un contrat pour plusieurs années avec la Chine - tout comme l'ATP avec Turin - l'évènement phare de l'organisation a finalement atterri à Cancun. Une annonce faite le 7 septembre, soit moins de deux mois avant le début de la compétition, après des tractations menées avec la République tchèque et l'Arabie saoudite, option qui ne faisait pas l'unanimité.

Un délai très court, d'autant qu'il a fallu construire un stade dans cette station balnéaire sujette aux pluies en octobre. C'est donc avec étonnement que les joueuses ont découvert des échafaudages à leur arrivée et ont tapé leurs premières balles pendant moins d'une heure sur un court qui n'était même pas terminé. Ce qui a beaucoup fait rire Marketa Vondrousova. La gagnante de Wimbledon a publié un montage représentant les huit joueuses qualifiées pour le Masters parfaitement équipées pour terminer la construction du court en extérieur. Un choix là aussi suspect, la saison étant sujette aux fortes pluies à cette période.

Marketa Vondrousova s'amuse des conditions dantesques lors du Masters de Cancun.
Marketa Vondrousova s'amuse des conditions dantesques lors du Masters de Cancun. © Instagram

Des conditions météo impossibles

"Il s'agit d'un événement d'une telle importance... Nous aurions dû être prêts et pouvoir taper sur le court. J'espère que cela ne se reproduira plus jamais, jamais, jamais. Vraiment jamais", a insisté Ons Jabeur en conférence de presse.

Outre un court qui pose question, la météo n'a pas arrangé la situation. Ce qui a donné des scènes lunaires avec des joueuses clouées sur leur banc, serviette sur la tête et le regard dans le vide, pendant que les parapluies se retournaient à foison en raison des fortes rafales de vent.

Si le début de tournoi a été relativement épargné, la météo s'est fortement dégradée dès jeudi, entraînant des interruptions à la pelle, voire même des reports de rencontres au lendemain, comme ce fut le cas pour les matchs de double et la demi-finale Sabalenka-Swiatek, interrompue samedi après seulement trois jeux et conclue dimanche par la victoire de la Polonaise. Conséquence: les finales du simple et du double ont été exceptionnellement reprogrammées ce lundi.

Le patron de la WTA sous le feu des projecteurs

Pas aidées par la météo, les joueuses ont également dû parfois jouer dans une enceinte qui sonnait creux.

"C'est dommage que nous n'ayons pas un stade plein car nous n'avons pas vraiment l'impression d'être à un événement qui fête le tennis cette semaine", a déploré Iga Swiatek.

Face à cette salve de critiques, le patron de la WTA Steve Simon est sorti du silence dans un communiqué commençant par "Salut...". Ce dernier dit avoir "entendu" l'insatisfaction des joueuses. "Ce n'est pas un événement parfait, nous comprenons que les conditions sont un défi et la WTA en assume bien sûr la responsabilité", a-t-il écrit dans une lettre adressée aux joueuses.

Les anciennes légendes du tennis féminin ont également réagi face à ce cauchemar. Présente à Cancun, Martina Navratilova (168 titres en simple, dont 18 en Grand Chelem) estime que Steve Simon doit quitter le navire. " Il sera difficile pour Steve de rester à son poste. Tout va dans le sens d’un départ. Cette décision n’aurait pas dû être prise si tard dans l’année. Il y a eu une succession de mauvaises décisions. En fin de compte, Steve Simon a été le patron pendant neuf ans et nous voilà… Venir à Cancun pendant la saison des pluies? Vous ne pouvez pas espérer qu’il ne pleuve pas et de surcroît lors d’un événement majeur du WTA Tour. C’était juste un tas de décisions. Il faut assumer les mauvaises décisions que l’on a prises et faire des choix par la suite."

Les joueuses demandent des changements

Dans sa lettre, Steve Simon a également répondu à certaines revendications portées par les joueuses. The Athletic rapporte qu'un courrier à destination des dirigeants et signé par 21 d'entre elles (dont Sabalenka, Rybakina et Jabeur) est parti le 5 octobre avec une liste de demandes précises qui tournent notamment autour des prize-money, de la santé des joueuses, d'une rémunération minimum garantie selon le classement, de compensations en cas de blessures ou de maternité. Iga Swiatek a, elle aussi, envoyé une lettre à la WTA, sa porte-parole précisant qu'elle faisait partie "d'un front uni qui espérait un vrai changement". Des changements qu'elles espèrent rapides.

Analie Simon Journaliste RMC Sport