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Voile: "J'ai hurlé comme rarement dans ma vie", le récit de la nuit cauchemardesque de Tom Laperche après son avarie

Le trimaran SVR-Lazartigue de Tom Laperche

Le trimaran SVR-Lazartigue de Tom Laperche - AFP

Moins de 24h après avoir été victime d’une avarie majeure sur l’Arkéa Ultime Challenge alors qu’il progressait dans l’océan Atlantique, le skipper de SVR-Lazartigue Tom Laperche, en sécurité mais pas complètement rassuré, a racontés son calvaire.

Nuit de cauchemar pour Tom Laperche. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le skipper du trimaran SVR-Lazartigue progressait dans l’Atlantique Sud vers l’océan Indien lorsqu’il a été victime d’une avarie sur la dérive suite à une collision avec un objet non-identifié. Le marin de 26 ans qui était alors deuxième de l’Arkéa Ultime Challenge est en sécurité mais il doit retrouver ses techniciens au Cap (Afrique du Sud) dans des conditions toujours extrêmement difficiles.

Pour Tom Laperche, cette nuit avait pourtant bien commencé avec des bons réglages et des intervalles de vitesse autour de 35 nœuds. Puis survint le drame : "En fin de nuit, je refais une petite sieste et je commence à m'allonger et quelques minutes après je sens un énorme choc. Je dormais au milieu du cockpit donc j'ai avancé d'un mètre à peu près et tout de suite un fracas énorme. Du coup il y a énormément d'eau qui entre dans la coque centrale. En une fraction de seconde, tu as toutes les alarmes qui sonnent. C'est difficile de savoir jusqu'où il y a de l'eau et qu'est-ce qui est atteint ou pas."

"J'ai explosé"

Sur le pont, le natif de Loudéac, dans les Côtes-d’Armor réalise que la dérive est inclinée dans le puit dans une position anormale. "J'ai continué à faire le tour des safrans, le tour du système de barres pour être sûr que le bateau est à peu près maîtrisable. Ralentir au maximum. Rouler les voiles et puis ralentir. Et là, à ce moment-là, une fois que j'avais un peu le diagnostic et que je voyais que ça n’allait pas forcément aller plus loin j'étais abattu, j'ai explosé."

"En une fraction de seconde, tout s'écroule"

En larmes, Tom Laperche poursuit : "J'ai hurlé comme rarement j'ai hurlé dans ma vie, je pense. J’étais tellement dégoûté que ça arrive comme ça. En une fraction de seconde, il y a tout qui s'écroule. Le bateau allait bien jusque-là, il se faisait plaisir et d'un coup, c'est un énorme coup qui m’atteint moi, le bateau et toute une équipe et tous les gens qui ont travaillé pour que ce bateau existe et qu'on en soit là après 10 jours de course à jouer la tête de flotte sur un tour du monde."

"Je n'ai jamais vécu un truc aussi dur dans ma vie"

Moins de 24h après cette avarie majeure, le skipper de SVR-Lazartigue est toujours sous le choc et pas rassuré avant de rejoindre le Cap : "C'est hyper dur, confie-t-il des sanglots dans la voix. Je n'ai jamais vécu un truc aussi dur dans ma vie. Et là maintenant je ne suis quand même pas hyper serein parce qu'il faut-il y a 1.200 milles à faire pour arriver. Le but c'est d'aller à Cape Town. Pas forcément le plus vite possible. On va dire qu'on n’est pas à quelques heures près. Je sais que j'ai le fond de coque qui est ouvert. Pour vous donner une idée, pas loin sous mes pieds, je vois clair à travers le bateau. Je vois l'eau bleue, il y a un gros trou."

Et de poursuivre, inquiet : "La dérive est mal en point et dès que ça avance un peu dans les vagues, dans le bateau il y a un peu tout qui craque et la dérive qui bouge, qui n’est plus vraiment tenue. Il faut donc qu'on arrive à faire ces 3-4 jours de mer au ralenti, sans que ça s'abime plus." Les galères ne sont pas encore toute à fait terminées pour Tom Laperche.

ABr avec PYL