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Volley: "Je suis ciblé", la nouvelle vie de Théo Faure, meilleur marqueur de Serie A

Les Tricolores qui brillent à l’étranger (1/5). Théo Faure (24 ans le 10 décembre) est le hit du moment dans le championnat d’Italie. Avec 20 points par matchs, le champion de France 2022 avec Montpellier est le meilleur marqueur de la Serie A. Rencontre avec un pointu encensé par ses coachs et encore accaparé par ses études.

Théo vous êtes le "hit" du moment en Italie. Qu’est-ce que cela fait d’avoir les regards fixés sur vous depuis quelques matchs?

Je suis plutôt satisfait de mon début de championnat même si je n’ai joué que sept matchs de Serie A. On n’a gagné que deux rencontres dont une importante contre Taranto (3-2, le 19 novembre dernier, NDLR). Je suis très content mais je sens aussi que les équipes adverses étudient de plus en plus mes coups préférentiels. Je dois maintenant m’adapter à mon nouveau statut et changer petit à petit des choses.

Justement, c’est facile de s’adapter?

C’est dur, je suis ciblé, mais je dois m’adapter à cette nouvelle adversité car elle me fait progresser et prendre de l’expérience. Quand mes coups habituels marchent bien pendant un match puis fonctionnent moins bien la rencontre suivante, cela pousse à réfléchir à des solutions, à trouver d’autres palettes de jeu. C’est dans ces moments-là qu’on grandit le plus. Il faut voir sur la longueur d’une saison car plus ça avance plus ça va être dur, forcément.

Si on rembobine, après les Spacer’s de Toulouse puis le titre de champion de France 2022 avec Montpellier et la Super Coupe, pourquoi avoir choisi de quitter le championnat de France pour Cisterna en Italie?

C’était mon objectif de partir un jour dans le sens où c’est une étape obligée dans une carrière, dans la progression d’un sportif de haut niveau. Je n’avais pas défini l’année précise de mon départ tant cela dépend des opportunités. Mais oui c’était dans ma tête. Après le titre de champion avec Montpellier et la saison en Ligue des champions, ça s’est bien enchaîné. Cisterna était le choix le plus judicieux.

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Que vous apporte l’Italie?

C’est une autre dimension. Étant pointu français dans le championnat de France, on est un peu à la maison où que l’on soit. On est dans le confort. A Cisterna, je suis le joueur étranger attendu. C’est le palier à franchir qui fait forcément grandir que ce soit dans la vie personnelle comme dans la vie sportive. L’idée était de pouvoir m’exprimer en Italie et pas cirer un banc.

Cisterna n’est pas une équipe du haut du tableau. On est 12 équipes en Serie A. Avec Cisterna, on se bat toutes les semaines pour grappiller des points, pour gagner face aux équipes concurrentes directes du milieu du tableau... celles entre la 6e et la 11e place, sachant qu’il faut à tout prix éviter la 12e place, synonyme de descente directe en fin de saison. Chaque semaine, c’est un énorme combat comme on peut le retrouver en France lors de certaines journées ou dans les playoffs. Chaque match est une finale de Ligue A. Prendre les 3 points contre Milan puis gagner au tie-break contre la lanterne rouge, Taranto, concurrents direct du milieu de tableau, nous a donnés de la confiance.

Physiquement, c’est dur?

La dimension physique est plus élevée en Italie. J’ai beaucoup bossé pendant la préparation, l’été dernier. J’ai eu le temps de bien m’adapter à ma nouvelle vie, à mon nouveau club, aux nouvelles structures. J’ai bien travaillé les relations techniques avec le passeur Davide Saitta, qui parle français après des années en LAM (Toulouse, Paris Volley, Montpellier entre 2014 et 2018). Avec le coach Guillermo Falasca, arrivé de Narbonne, j’ai eu le temps lors de la préparation de pré-saison, et c’est inestimable.

Et dans le même temps vous poursuivez de hautes études d’ingénieur. C’est facile?

Je suis en 4e année en génie physique à l’INSA à Toulouse. Mes deux premières années, je les ai faites en 3 ans quand je jouais aux Spacer’s. Ma troisième année, je l’ai faite sur deux ans à Toulouse et Montpellier. Et depuis l’an dernier, je prépare ma 4e année qui sera étalée sur 3-4 ans, par correspondance. Le rugbyman du Stade Niçois, François Vignolles, est exactement dans la même préparation que moi.

Le génie physique, est-ce que c'est?

C’est l’étude des énergies et la physique quantiques, l’étude de l’extrêmement petit. Je fais l’INSA à mon rythme avec des semaines plus ou moins chargées lorsqu’il y a deux matchs par semaine comme ces derniers temps. Mais surtout ça me permet de m’évader du sport de haut niveau. Ça fait du bien de s’extraire de la compét et de penser à quelque chose de complètement différent.

Vous avez participé à la préparation et à la première semaine de la VNL 2023 (Ligue des nations masculine) avec l’équipe de France en juillet dernier puis à la préparation de l’Euro. Qu’en avez-vous retiré?

J’ai découvert le coach Giani (Andrea Giani, le sélectionneur des Bleus) lors de la préparation de la VNL à Montpellier. La première série au Japon était une expérience folle avec une équipe de France rajeunie. On a gagné le match qu’il fallait remporter contre la Chine. Mais on n’a pas pu gratter plus contre les autres nations malgré nos bonnes prestations. C’est une marche vers l’équipe de France A. C’est vraiment une expérience folle qui m’a fait grandir et qui m’a permis de démarrer cette saison en confiance. J’ai pu démarrer reposé avec Cisterna mais en forme car je n’avais pas joué tous les matchs avec les Bleus. C’est lié.

Les JO 2024 à Paris, vous y pensez?

Après avoir goûté à ce très haut niveau à la VNL, c’était pour moi un bon signe d’avoir été rappelé pour la prépa de l’Euro. Les Jeux olympiques, je n’y suis pas. Je n’y pense pas trop, même si c’est là. Mais l’été 2024 avec la VNL sera très important. Si elle se présente, il me faudra saisir l’opportunité. Si je fais une bonne saison avec Cisterna, ce sera un choix de plus pour le sélectionneur Andrea Giani pour les JO.

Morgan Besa