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Mondiaux d'athlétisme: "J'attends beaucoup de moi", avoue Mayer avant son entrée en lice sur le décathlon

Avant le début du décathlon des champions du monde, qui débute ce samedi, Kévin Mayer a fait part de ses impressions et se veut rassurant sur son état de santé après des JO de Tokyo éprouvants.

Comment abordez-vous ces championnats du monde?

J'ai pu faire le meeting de Paris et de très bons entraînements. J'aborde ces championnats avec une certaine aisance physique par rapport à Tokyo, mais avec une certaine appréhension car mon dernier décathlon était à Tokyo. Tant que je ne serai pas sur la piste, j'aurai toujours peur que quelque chose arrive. Au vu de mon expérience, cette peur n'est pas néfaste, elle est positive. Quand je suis comme ça, j'en attends énormément de moi-même. Ça devrait vouloir dire que les performances ne sont pas mal.

Vous n'allez pas retourner au stade?

Avant chaque décathlon, je me demande pourquoi je fais ça. Je n'ai pas eu de préparation énorme car ma blessure au tendon d'Achille a duré longtemps. J'ai eu une préparation optimisée, j'ai repris la course il y a deux mois. Mais j'ai un peu plus peur que d'habitude car j'ai moins d'expérience en compétition cette année.

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Qu'est-ce qui a changé par rapport à l'an dernier?

L'année dernière, j'étais en mode suicidaire. Je me suis dit: 'je fais mon décathlon jusqu'à ce que ça lâche totalement'. J'ai commencé, c'était la catastrophe. Je ne pensais pas finir ce décathlon. Ça a été le décathlon le plus horrible de ma vie. Les performances n'étaient pas top, je n'avais aucun moyen d'expression. La douleur, ce n'est pas l'horreur mais ça ne permet pas de s'exprimer et c'est vraiment la catastrophe. Je n'ai pas de douleur mais c'est très stressant parce qu'on attend énormément de soi-même quand on est bien physiquement. Aujourd'hui, c'est le cas. je ne dis pas qu'il n'y a pas de tension. J'ai vu Damian Warner qui se touchait l'ischio sur le stade d'échauffement. On est décathloniens, on jongle toujours entre les blessures. Il faut savoir faire avec. Aujourd'hui, c'est rare que je sois dans cet état-là avant un décathlon.

Outre Damian Warner, quels sont vos concurrents pour ce décathlon?

Il faut avoir les armes pour aller chercher le titre de champion du monde, mais ça se joue à rien. Si on n'est pas blessé tous les deux, ça va se jouer à rien. je veux juste avoir les armes et me faire plaisir dans les épreuves. On ne parle pas souvent du plaisir, on parle souvent du devoir, des attentes envers le grand public et l'équipe de France. Si on pense qu'à ça, on n'est pas dans le moment présent et on ne fait pas de bonnes performances. J'essaie vraiment de penser au plaisir quand je vais rentrer dans la piste, quand je vais pouvoir libérer les chevaux qui se débattent en moi depuis une semaine. C'est vraiment long et j'ai hâte.

Propos recueillis par Aurélien Tiercin, à Eugene