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NBA: enfin une bague pour Rudy Gobert? Ce que les Minnesota Timberwolves peuvent espérer en playoffs

Troisièmes de la Conférence Ouest durant la saison régulière, les Minnesota Timberwolves se montrent extrêmement ambitieux au moment de débuter les playoffs, ce samedi soir contre les Phoenix Suns. Après avoir passé un nouveau palier, toute la question est désormais de savoir si les coéquipiers de Rudy Gobert peuvent se mêler à la lutte pour le titre de champion NBA.

Une image vaut plus que mille mots. Et celle de cet improbable coup de sang lors du dernier soir de la saison régulière 2022-2023 pouvait résumer à elle seule les premiers mois de Rudy Gobert sous le maillot des Minnesota Timberwolves, entre immense frustration et vexation de n’avoir jamais réussi à trouver sa place.

Le 10 avril dernier, lors d’un temps mort face aux New Orleans Pelicans, le pivot tricolore a une sérieuse altercation avec l’un de ses coéquipiers, Kyle Anderson. Ce dernier exhorte Gobert à contrer des tirs, ce à quoi le Français répond en lui demandant de prendre un rebond. Les insultes fusent. Et un coup de poing est donné par Gobert devant des téléspectateurs médusés. Un an plus tard, Rudy Gobert et Kyle Anderson portent toujours le même maillot. Mieux: ensemble, au milieu d’un collectif parfaitement huilé, ils s’avancent vers une campagne de playoffs avec de très sérieuses ambitions.

Le gros pari réalisé en juillet 2022, lorsque les Wolves se sont séparés de plusieurs joueurs (Malik Beasley, Patrick Beverley, Jarred Vanderbilt, Leandro Bolmaro) et ont hypothéqué leur avenir à court terme (cinq premier tours de draft jusqu’en 2029) pour s’offrir Rudy Gobert, a fini par être payant. Huitième la saison dernière (42 victoires, 40 défaites), avec une élimination au premier tour des playoffs contre les Denver Nuggets - futurs champions - à la clef, Minnesota a passé la vitesse supérieure cette année. Jusqu’au bout dans la bataille pour terminer à la première place de la Conférence Ouest, les Wolves ont finalement terminé troisièmes (56 victoires, 26 défaites), à une seule victoire du leader, le Thunder d’Oklahoma City.

Deuxième meilleure saison de l'histoire de la franchise

"La saison dernière a été frustrante, résumait le Français Maxime Lefèvre, coach assistant des Wolves, en juin dernier auprès de RMC Sport. Au début, il fallait commencer à intégrer Rudy, mais Karl-Anthony Towns s’est blessé. Ensuite, on a fait un transfert pour changer de meneur (arrivée de Mike Conley, ndlr), Towns est revenu sur la fin de saison… On n’a jamais vraiment trouvé notre rythme, donc c’est compliqué de juger le roster qu’on avait car il y avait toujours des changements."

Le temps a finalement été le meilleur allié de la franchise du Midwest. Grâce à un bond de 14 victoires par rapport à l’exercice précédent, les Wolves ont réalisé la deuxième meilleure saison de toute leur histoire, derrière les 58 victoires acquises en 2003-2004. Cette saison-là, dans le sillage d’un Kevin Garnett MVP de saison régulière, ils avaient fini par rendre les armes contre les Los Angeles Lakers en finale de conférence.

Une très grosse défense organisée autour d'un Gobert au sommet de son art

Toute la question est désormais de savoir si les Wolves version 2023-2024 peuvent faire au moins aussi bien qu’il y a tout juste 20 ans. Avant de débuter leur premier tour de playoffs face aux Phoenix Suns ce samedi (21h30 heure française), ils s’avancent en tout cas sûrs de leurs forces. La première d’entre elles est incontestablement la défense. Les Wolves sont tout simplement la meilleure équipe de NBA au niveau du defensive rating (le nombre de points concédés pour 100 possessions). Cette défense s’articule bien évidemment autour de Rudy Gobert. Déjà élu trois fois meilleur défenseur de l’année (2018, 2019, 2021), l’ancien joueur de Cholet est l’immense favori pour décrocher cette distinction une quatrième fois à la fin de la saison. En cas de sacre, il rejoindrait Dikembe Mutombo et Ben Wallace tout en haut du classement des joueurs les plus titrés dans ce domaine.

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Deuxième meilleur rebondeur (12,9 rebonds) et sixième meilleur contreur (2,1 contres) de la NBA, Gobert se sent d’ailleurs au sommet de son art. "Beaucoup de gens me disent que j’ai retrouvé mon niveau mais personnellement, je trouve que je n’ai jamais aussi bien joué, clamait-il en début de saison dans les colonnes de Basket USA. En défense, je n’ai jamais été à ce niveau-là et collectivement, notre groupe est assez unique. J’ai la capacité d’élever le niveau d’une défense et si tu ajoutes les qualités défensives individuelles qu’on a dans l’effectif, c’est unique."

Anthony Edwards en solide patron offensif

De l’autre côté du terrain, les Wolves peuvent compter sur Anthony Edwards. N°1 de la draft en 2020, l’arrière américain a passé un nouveau palier cette saison. Avec 25,9 points par match (12e de toute la NBA), il réalise sa meilleure saison au scoring, ce qui lui a valu une deuxième sélection au All Star Game consécutive. À seulement 22 ans, il s’est imposé comme le véritable leader de cette meute de jeunes loups affamés, avec notamment une pointe à 51 points (son record en carrière) le 9 avril contre les Washington Wizards. "Si je vais devenir le meilleur joueur de la NBA dans les deux ou trois années à venir? Oui, je suis d'accord à 100% avec ça, bien sûr. Dans deux ou trois ans, c'est clair", a récemment estimé Edwards, sûr de sa force et de son talent, dans l’émission NBA Today. Les playoffs sont incontestablement la scène pour le prouver.

Derrière Anthony Edwards, Rudy Gobert et Karl-Anthony Towns (on y reviendra), leurs trois leaders naturels, les Wolves peuvent compter sur un groupe homogène, structuré autour de joueurs de devoir comme Mike Conley, Jaden McDaniels, Nickeil Alexander-Walker, Monte Morris, Kyle Anderson ou encore Naz Reid. Preuve de son importance et de l’excellente saison de Minnesota, ce dernier est d’ailleurs l’un des favoris au titre de sixième homme de l’année. Chris Finch, l’homme qui met tout en musique, est lui aussi bien placé pour rafler une distinction personnelle à la fin de la saison. Le technicien de 54 ans est très bien placé dans la course au titre de coach de l’année, les bookmakers américains le voyant même comme le principal adversaire de Mark Daigneault (OKC Thunder) pour rafler la mise.

L'incertitude Karl-Anthony Towns

Malgré tous ces voyants au vert, un coup du sort est cependant venu enrayer la belle dynamique en fin de saison. Victime d’une déchirure du ménisque du genou gauche, Karl-Anthony Towns a manqué 18 matchs entre début mars et mi-avril. L’intérieur a tout juste eu le temps de revenir pour les deux derniers matchs de saison régulière, histoire de reprendre un peu le rythme. Pour son retour, le deuxième meilleur marqueur des Wolves cette saison (21,8 points) s’est montré très timide en attaque, avec 10 puis 11 points inscrits face à Atlanta et Phoenix. Si les Wolves ont réussi à maintenir un rythme plutôt sérieux en son absence (12 victoires, 6 défaites), la capacité de Towns à retrouver son niveau sera l’une des clefs d’un joli parcours en playoffs. "Le fait d’avoir eu autant de temps pour observer cette équipe et de la voir sous un autre angle m’a permis de bien comprendre ce que je peux faire sur le terrain pour aider cette équipe et avoir le plus d’impact possible sur elle", a tenté de rassurer le principal intéressé.

Pour tenter d’aller le plus loin possible, et pourquoi pas faire de Rudy Gobert le septième Français champion NBA (après Tony Parker, Ian Mahinmi, Rodrigue Beaubois, Ronny Turiaf, Boris Diaw et Axel Toupane), les Wolves auront bien besoin du retour en forme de Towns. En cas de passage à vide d’Edwards en attaque, "KAT" représente l’alternative la plus solide au scoring. En playoffs, les défenses se resserrent considérablement. Et l’une des principales interrogations à l’aube de cette post season est de savoir si Minnesota peut trouver des options en attaque, les Wolves n’étant que la 17e équipe de toute la NBA au niveau de l’offensive rating (le nombre de points marqués pour 100 possessions).

Phoenix puis potentiellement Denver, une partie de tableau très délicate

Le tableau des playoffs va rapidement donner de premières indications sur le niveau de ces Wolves. Au premier tour, ce sont donc les Phoenix Suns de Kevin Durant, Devin Booker et Bradley Beal qui se dressent sur leur route. Sixième de la Conférence Ouest, la franchise de l’Arizona a cruellement manqué de régularité durant la saison. Mais le niveau intrinsèque des trois stars et leur expérience des matchs de playoffs (Durant a remporté deux titres avec les Golden State Warriors, Booker a atteint les finales NBA en 2021) incitent à la plus grande prudence, d’autant que Minnesota n’a pas gagné une seule série de playoffs depuis le fameux parcours jusqu’en finale de Conférence en 2004 (élimination au premier tour en 2018, 2022 et 2023).

Si les Wolves veulent prétendre au titre, il faudra donc inverser le cours de l’histoire et briser ce plafond de verre. En cas de qualification face aux Suns, cela passera par un autre très gros client. Au second tour, Minnesota affronterait en effet le vainqueur de la série Denver Nuggets-Los Angeles Lakers. Les Nuggets de Nikola Jokic, deuxièmes de la saison régulière à l’Ouest, font figure de grandissime favoris et ont donc de fortes chances d’être le prochain obstacle des Wolves en cas de dénoument positif contre les Suns.

Il y a un an, au premier tour, c’est contre ces mêmes Nuggets que les Wolves avaient été contraints de rendre les armes (4 victoires à 1). "Mais cette saison, on est une équipe plus mature que l'an dernier, a assuré Rudy Gobert le 30 mars dernier après une victoire contre Denver en saison régulière (111-98). On a vraiment confiance, on peut battre n'importe qui, n'importe où." Avant de débuter les playoffs, les ambitions ont le mérite d’être claires.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport