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"C'est trop risqué": Madiot ne croit "plus du tout" au dopage mécanique dans le cyclisme

Dans Les Grandes Gueules du Sport ce samedi sur RMC, Marc Madiot a évoqué la domination sans partage de la Jumbo-Visma sur la Vuelta. Le manager de la Groupama-FDJ ne croit pas au dopage mécanique.

C’est une sortie qui a fait énormément parler. Dans Les Grandes Gueules du Sport dimanche dernier sur RMC, Jérôme Pineau a exprimé ses doutes devant les performances de Sepp Kuss, Primoz Roglic et Jonas Vingegaard, les trois leaders de la Jumbo-Visma largement au-dessus de la concurrence sur la Vuelta.

"On voit des images… Je ne parle pas de dopage mais de pire que ça. Mécanique ? Oui, mécanique. L’accélération de Sepp Kuss dans le Tourmalet, à 10km/h plus vite que le groupe devant lui où il y avait des pépites comme Juan Ayuso… Kuss arrive 10km/h plus vite. Il y a un spectateur qui fait un pas en avant, il freine et repart 10km/h plus vite. Dans le Tourmalet. Comment on explique ça ? (…) Il n’y a pas de preuves, mais pour Armstrong il n’y avait pas de preuve non plus... ", a lancé Jérôme Pineau, ancien coureur professionnel (vainqueur notamment d'une étape du Giro en 2010) et ancien dirigeant d'équipe.

Depuis, la Jumbo-Visma lui a répondu avec un tacle appuyé, mais dans un sport où les champions échappent rarement au poids du soupçon, certaines performances continuent de susciter des interrogations. Alors que la Vuelta se terminera dimanche à Madrid, Kuss occupe toujours la tête du général devant Vingegaard (vainqueur du dernier Tour) et Roglic (vainqueur du dernier Giro).

Questionné à ce sujet ce samedi dans Les Grandes Gueules du Sport sur RMC, Marc Madiot s’est montré très clair. "Je pense que la tricherie mécanique a existé à une époque où personne n’y pensait et personne ne pensait que ça pouvait exister. Il suffit de se retourner sur les images de certaines épreuves et certains coureurs il y a quelques années pour être à peu près convaincu du fait que ça a sûrement existé", a réagi le manager de la Groupama-FDJ.

"C'est trop risqué"

"Ça a été en partie validé par bon nombre de personnes et personne ne pensait que ça pouvait exister. Autant je crois qu’à une époque ça a été utilisé, autant je crois qu’aujourd’hui ça n’est plus possible d’utiliser un moteur sur un vélo. D’abord parce que les contrôles se sont améliorés et se sont renforcés. Ensuite, si on imagine aujourd’hui avoir un moteur sur un vélo, ça demande la complicité d’un nombre de personnes très important", a insisté Madiot.

Et d’ajouter: "On ne fait pas ça avec une seule personne. Le moteur dans le vélo aujourd’hui, je n’y crois plus du tout. C’est trop risqué. Il faut beaucoup de complices, le risque de se faire prendre existe. Le moteur dans le vélo, je n’y crois plus aujourd’hui." Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un certain regard critique sur un autre sujet : les écarts de budgets entre les différentes formations.

"Il faut mettre sur la table les niveaux de moyens. Officiellement la Jumbo-Visma a 27 millions d’euros de budget ? C’est de l’enfumage. Ils ont des budgets quasi illimités mais tournent en gros à 40-50 millions d’euros alors que nous on a une vingtaine de millions avec des charges sociales. Quand vous regardez le type d’effectif d’équipes comme la Jumbo-Visma, sur 30 coureurs vous en avez 15 qui pourraient être leaders dans d’autres équipes. Ça créé une force collective indéniable. La Jumbo, c’est le Manchester City ou le Real Madrid du vélo. Ils sont en surnombre", a-t-il souligné.

"Plugge aurait besoin de lunettes"

"Mais je pense qu’ils ont un boulet au pied qu’ils traînent depuis la Planche des Belles Filles et l’échec de Roglic contre Pogacar sur le Tour (2020). Cette année-là, il y avait une étape qui se terminait avec des bordures. Pogacar était dans la deuxième bordure et les Jumbo n’ont pas roulé. Ce jour-là, sans le savoir, ils ont perdu le Tour. Depuis, ils ne prennent plus aucun risque. Dès qu’ils ont une occasion d’écarter tel ou tel adversaire, ils le font. L’attitude qu’ils ont sur la Vuelta, avec leurs trois leaders, c’est parce qu’ils veulent garder en permanence trois options pour gagner la course. C’est ancré en eux. Ça remonte à l’époque du match perdu par Roglic contre Pogacar. Ils se foutent de ce que les gens pensent d’eux", a poursuivi Madiot.

Avant de conclure son propos par une réponse à Richard Plugge, le patron de Jumbo-Visma qui avait déclaré durant le dernier Tour de France que les coureurs de Groupama-FDJ avaient bu des bières lors d'une journée de repos. "Plugge ne fait pas partie des gens avec qui je bois un coup, a affirmé Madiot. Je le croise, on se salue. Je reconnais le travail qu’il a pu faire dans son business. On n’est pas intimes, on ne le sera jamais. Je n’ai pas apprécié ce qu’il a fait nous concernant sur le Tour. Je pense en plus qu’il aurait besoin d’avoir de bonnes lunettes. Il aurait pu se rendre compte que les coureurs buvaient du Perrier et que c’est l’encadrement qui buvait de la bière parce que c’est une tradition en journée de repos."

RR