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Handball: "On n’est pas une équipe de baltringues", Montpellier veut défendre son large avantage à Kiel

Montpellier dispute son dixième quart de finale de ligue des champions de handball ce jeudi soir. Vainqueur 39-30 du match aller, les hommes de Patrice Canayer arrivent à Kiel avec le statut de favori pour rejoindre le Final Four de Cologne (8 et 9 juin). Un statut que le manager général, qui arrêtera en fin de saison, assume totalement.

Patrice Canayer, comment appréhendez-vous ce quart de finale retour de Ligue des champions entre Kiel et Montpellier?

Avec plaisir, parce que le résultat à l’aller est un bon résultat. On est dans une position intéressante, on a encore toutes nos chances de se qualifier. Je préfère aller jouer un match retour avec neuf buts d’avance qu’avec neuf de retard. Le résultat du match aller est positif, on aurait signé pour ce résultat avant le match. On sait aussi que le match retour sera différent, dans un autre contexte. On est passé d’un statut d’outsider à celui de favori. Que Montpellier se retrouve à disputer un quart de finale retour à Kiel avec le statut de favori, c’est une belle chose. A nous de le justifier, de l’assumer aujourd’hui. C’est un vrai test pour nous. Au-delà de la qualification, on doit assumer ce statut contre un adversaire qui a été blessé, un peu humilié et qui va avoir envie de se refaire. Mais on n’est pas une équipe de baltringues, on n’est pas un club ordinaire, on est à Montpellier. Ce statut de favori, l’équipe l’a mérité sur le terrain, on doit aller au bout de cette histoire.

Est-ce que vous avez mis vos joueurs en alerte devant tout excès de confiance, vu l’écart?

On n’est pas dans l’excès de confiance, au contraire. J’ai prévenu les joueurs que l’on avait deux écueils à éviter: le premier, c’est l’excès de confiance et je ne crois pas que l’on soit sujet à ça. Le deuxième, c’est de ne pas fantasmer Kiel. Ils sont comme nous: deux bras, deux jambes, un cerveau, des forces et des faiblesses. On a vu qu’à l'aller ils pouvaient aussi douter. On doit avoir une juste perception du rapport de force, trouver le bon équilibre, pas dans l’exagération. Je ne veux pas que l’on se mette sans la position du petit qui va défier le gros. Kiel est le plus grand club d’Europe car il ne s’appuie pas sur un club omnisport. On est un club au moins aussi prestigieux et une équipe de qualité avec des forces et des faiblesses. A nous de gérer et de masquer nos faiblesses et appuyer sur nos forces. On ne doit pas penser que l’on est moins fort.

Filip Jicha, le coach de Kiel, a dit qu’il fallait un miracle mercredi dernier pour se qualifier…

Les miracles en Ligue des champions, il y en a souvent, j’en ai rappelé quelques uns aux joueurs en présentant le match. Par exemple, le PSG menait d’un but à la mi-temps la semaine dernière et ils s’inclinent de neuf buts (22-30 contre le Barça, NDLR). Dans notre histoire, on a connu plein de renversements de situations assez incroyables. Je suis trop expérimenté pour penser que… Je n’y connais rien en miracle mais les renversements de rapports de force, il y en a souvent.

"On doit être prêt à tous les scenarios possibles"

Est-ce que l’on gère une avance de neuf buts en cassant le rythme, par exemple?

Le jeu que l’on pratique c’est celui qui te permet de gagner. Quand tu construis ta saison, tu essayes de mettre en place un jeu qui correspond à ton ADN à tes joueurs pour offrir du spectacle et te permettre de gagner. Après, tu t’adaptes tout au long de l’année en fonction de l’effectif, de la confiance. L’audace que l’on a eue sur le premier match doit être la marque de fabrique des équipes ambitieuses. On ne va pas se recroqueviller, on doit être audacieux. On va défier l’adversaire, on ne doit pas attendre qu’il impose sa loi. On doit jouer avec audace et sans se brider. L’une des clés du match sera de les amener vers le jeu que l’on veut pratiquer et pas de subir. On doit garder l’initiative et ne pas jouer petit bras.

Comment gérer la ferveur des 11.000 supporters allemands?

Il y a trois logiques: celles du temps, du score et des émotions. La logique des émotions, on l’oublie souvent. On se dit, si on a différentiel d’un but par dix minutes ça donne ça mais cela ne se passe jamais comme ça. Il y a des moments de bascule où le côté émotionnel prend le dessus avec une équipe qui marche sur l’eau et l’autre qui flanche. On doit être préparé à ce côté émotionnel du match: il peut y avoir un début de match difficile, un temps faible, Kiel stressé et nous qui dominons. Je ne m’interdis rien mais on doit être prêt à tous les scenarios possibles. Je vais leur montrer le début du derby Kiel-Flensburg (26-33 en championnat allemand): Kiel avait démarré avec une grosse puissance physique, beaucoup de pression du public et au bout de 15 minutes Flensburg avait desserré l’étreinte et gagné à Kiel. On ne doit pas être surpris par ce qui va se passer mais on ne doit pas avoir peur et avoir confiance dans ce que l’on sait faire. Je pense qu’il y aura plus de pression sur le score, sur le match mais je nous crois capable de gérer ces situations aujourd’hui.

Julien Landry