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Mondiaux de biathlon: l’individuel hommes vu depuis le pas de tir avec les entraîneurs des Bleus

Pendant les courses, les entraîneurs du tir de chaque nation sont positionnés derrière leurs jumelles, face aux cibles, à quelques mètres des biathlètes. À chaque passage d’un coureur, ils notent l’emplacement de chaque balle. RMC Sport a passé l’individuel hommes des Mondiaux de biathlon de Nove Mesto sur le pas de tir.

"Vous nous en laissez un peu", lâche, sourire aux lèvres Jean-Pierre Amat, l’entraîneur du tir masculin à son homologue norvégien Siegfried Mazet. Mais cette petite phrase n’aura eu aucun effet. Les Norvégiens, Johannes Boe et Tarjei Boe réalisent le doublé. Quand nos Français, Quentin Fillon Maillet, Emilien Jacquelin et Eric Perrot, terminent entre la cinquième et huitième place. Parce que sur ce format de course, l’individuel, tout se joue, ou presque, au tir.

Ce jour-là, conditions de tir parfaites, pas de vent. Quentin Fillon Maillet, dossard numéro 1, est le premier à arriver. Premier tir couché sous les yeux de Jean-Pierre Amat. Ce dernier se met derrière ses jumelles et sur une feuille blanche A4, note l’emplacement de chaque balle. Ça part mal pour le Jurassien : deux fautes, synonymes de deux minutes de pénalité. Une faute pour Emilien Jacquelin et deux aussi pour Eric Perrot. Ce premier couché laisse des traces.

Entre chaque passage, pas un bruit entre les entraîneurs. Chacun observe les tirs des adversaires. Fabien Claude, le dernier Français à prendre le départ avec son dossard 77, interpelle son coach en sortant d’une dernière séance d’échauffement : "JP ?" avec un signe de la main. Sous-entendu, "Jean-Pierre, le pas de tir est le même qu’à l’entraînement ?" Réponse positive de l’intéressé.

"C’est de loin le plus bel individuel de la saison"

Les coachs français voisins de leurs homologues norvégiens ne vivent pas la même course. Le sourire est aux lèvres de Siegfried Mazet, ancien mentor de Martin Fourcade, actuel entraîneur du tir norvégien masculin. Ses poulains enchaînent les tirs. Le poing est serré après les passages des frères Boe. Les Norvégiens, nation presque intouchable chez les hommes, depuis le début de ces Mondiaux, sont six biathlètes alignés sur cet individuel. Siegfried ne peut pas suivre chaque tir. Alors, il demande à Jean-Paul Giachino, l’entraineur du tir français féminin, s’il peut, pour lui, noter les impacts de balle d’un de ses coureurs. "Tu peux me prendre Vetle Christiansen qui arrive ?"

Alors, même si nos Français n’ont toujours pas fait un seul podium sur une course en solitaire depuis le début de la saison, Jean-Paul Amat retient de belles choses sur cet individuel. "Je dirais qu’une fois de plus, ça reste une belle course. C’est quand même, de loin, le plus bel individuel de la saison. Comme souvent, il y a eu la place mais on n’a pas su la prendre. Ceux qui vont vite en ski, ce ne sont pas ceux qui tirent le mieux. Il n’y a pas encore tout qui s’aligne."

Le meilleur au tir sur cette course est Emilien Jacquelin, auteur d’un 19/20 et qui termine 5e. "Ça fait longtemps qu’il n’avait pas fait ça sur un individuel. Même un top 10, il faut remonter à 2019, je pense. Donc oui, Emilien est de retour. Ça demandera encore un peu de finition à droite à gauche. Mais son tir se concrétise. Il a été assez rigoureux, même s’il ne fait pas le plein", analyse Amat.

Le ton est différent pour évoquer la prestation au tir de Quentin Fillon Maillet, auteur de trois fautes : "Il n’arrive pas à se relâcher. Il a des tensions dans le bras gauche et les balles partent en haut. C’est lié à l’effort, parce qu’à l’entrainement tout va bien. Mais en situation d’effort… Comme il a bien donné sur les skis, il y a moins de lucidité et ça ne paye pas." En attendant, les Bleus peuvent encore espérer monter sur le podium. Notamment samedi, lors du relais masculin, dont ils sont tenants du titre.

Léna Marjak, à Nove Mesto (Répblique tchèque)