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UTMB: "Quand tu finis un ultra, tu te dis 'pourquoi j’ai fait ça' ?", Jornet savoure après son temps record

Kilian Jornet marque un peu plus l’histoire de son sport. L’Espagnol a remporté son quatrième Ultra Trail du Mont-Blanc en 19h et 49 minutes. Une course difficile pour lui en raison des répercutions du Covid-19 qu’il a contracté il y a quelques semaines.

Quelles étaient vos sensations lors de cette course record ?

C’était très difficile. C’est sûr que gagner la course, tu es plus heureux le soir mais je pense que ce n’est pas le plus important. L’important, c’est l’expérience. C’était une course incroyable. On a eu des conditions météo très bonnes donc on a pu profiter de la nuit. Et puis, passer toute la première partie de la course avec Jim (Walmsley, 4ème) et la partie finale avec Mathieu, à faire la bagarre, à s’aider. Pour l’anecdote, quand Mathieu m’a dépassé parce que je n’étais vraiment pas bien et après il m’a motivé à suivre. Puis on s’est aidé à la montée à la descente. Et finir la course tous les deux, comme ça à la bagarre, c’était incroyable. C’est l’expérience que je garde aujourd’hui.

Il représente quoi ce record de temps que vous avez établi ?

Ces chiffres sur des courses comme ça où les conditions jouent beaucoup, il ne faut pas leur donner beaucoup d’importance.

Est-ce que vous allez venir à l’UTMB ?

Là non ! J’ai mal partout. Il faut laisser passer quelques jours et quand les jambes seront biens on pourra y penser. Mais là quand tu finis un ultra tu te dis 'pourquoi j’ai fait ça ?'. Après on oublie et on revient.

Est-ce que vous avez douté à un moment quand Mathieu Blanchard s’est rapproché de vous ?

En fait, quand Jim (Walmsley) est parti dans la descente de Arnouva, j’ai essayé de suivre mais avec les symptômes post covid, j’avais les muscles qui ne marchaient pas trop bien et aussi au niveau pulmonaire. Quand il est parti, j’ai essayé de suivre pendant deux minutes puis ça a explosé. De là, jusqu’à la Fouly (Suisse), je n’étais vraiment pas bien. En fait j’ai pensé à abandonner. Quand Mathieu m’a doublé, je me suis dit que j’allais jusqu’à Champex (Suisse), j’essaye de lui suivre et puis on a commencé à courir ensemble, on a vu que l’on était bien. Moi j’ai commencé à retrouver des sensations.

Maintenant que vous avez tout gagné, quelle est votre motivation ?

Il y a toujours plein de choses à faire. Cette année ce n’était pas de faire une course ou une autre mais plutôt un enchainement de longues et courtes qui était motivant. Donc il y a toujours des choses à penser. Les enchaînements de courses, c’est peut-être plus intéressant qu’avant.

Est-ce l’une des plus belles victoires dans votre palmarès ?

Oui mais toutes les victoires, ça rend plus heureux le soir. Mais c’est l’expérience et ce que tu apprends dans la course qui rend la compétition intéressante.

Propos recueillis par Léna Marjak à Chamonix