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Tennis de table: "Je n'ai pas trop prêté attention à la célébration", les frères Lebrun racontent leur finale

Invités exceptionnels de Bartoli Time, les nouvelles stars du tennis de table tricolore s'affrontaient en finale ce dimanche. Et c'est une nouvelle fois Alexis qui est sorti vainqueur du duel fratricide face à son cadet Félix, pourtant classé au cinquième rang mondial, au terme d'une finale à haute intensité qu'ils ont tous deux accepté de décortiquer pour RMC.

Ça doit être vraiment compliqué d’affronter un membre de sa famille. Comment ça se passe pour gérer ces émotions?

Alexis Lebrun: On a pris l’habitude parce qu’on a été obligé de se rencontrer dans ces matchs à enjeux. On a appris à le faire depuis notre plus jeune âge parce qu’on s’est déjà joué dans les catégories jeunes. Au début, c’était compliqué, ça prenait le pas sur le match, on ne faisait pas de vrais matches. Félix me laissait gagner, on ne se battait pas l’un contre l’autre. On a appris à le faire et maintenant on fait toujours des matchs assez bons. Il y a toujours du duel. On a appris à mettre de côté. C’est juste moi contre mon adversaire qui est cinquième mondial et qui joue super bien au ping pong, on essaie juste de faire abstraction, c’est tout.”

Comment arrive t-on à gérer cette différence d'âge et la tactique à adopter dans ce genre de match?

AL: C’est vrai qu’on se connaît vraiment très, très bien. On s'entraîne ensemble quasiment tout le temps, on voyage ensemble, on a le même staff autour de nous. On sait l’un et l’autre que ça va être difficile de surprendre l'adversaire. On essaie toujours de trouver un petit truc pour le perturber. Je pense notamment à ces deux premiers services sur lesquels j’ai essayé de servir dans son revers, ce que je fais rarement. Félix a lui aussi essayé quelques trucs un peu différents de ce qu’il a l'habitude de faire et après on joue, on essaie de se battre.

Félix, une guerre psychologique s’est-elle installée pendant la rencontre entre votre frère et vous?

Félix Lebrun: Je ne l’ai pas vraiment vécu comme ça, j'essayais surtout de me concentrer dans la tactique. C’était difficile pour moi en début de match, il m’a clairement dominé pendant deux sets. J’avais forcément un peu peur de prendre 4-0 ici à Montpellier. Il y avait beaucoup de public, j’avais envie de faire un grand match. Si je ne l’ai pas regardé dans les yeux, c’était pour me rebooster intérieurement plutôt que pour éviter son regard.

Félix, comment expliques-tu cette entame de match ratée?

FL: C’est difficile à dire, il faudrait que je revois le match. Il a joué un début de match exceptionnel. Et puis moi, je pense que j’ai été en dessous de mon niveau pendant deux sets et demi. Je ne sais pas vraiment pourquoi. J’étais forcément un peu tendu de jouer Alexis à Montpellier. C’était grandiose, on avait envie de bien faire. Au début, quand ça se passe mal, que ça défile, j’avais l’impression de passer à côté. Je me tendais de plus en plus, et lui jouait de mieux en mieux. Heureusement pour le public et moi-même que je gagne ce troisième et que ça relance le match, avec de supers échanges derrière (sourire).

Je suis juste super fier de lui

Alexis, sachant que vous battez systématiquement votre frère, avez-vous l’angoisse de l’affronter en finale des Jeux olympiques?

AL: Pour les JO on ne peut pas s’affronter avant la finale. Si je l’affronte en finale, évidemment que je serais le plus heureux du monde, mais on sait à quel point c’est difficile. On ne se prend pas la tête avec ça, parce qu’on sait que ça ne peut pas arriver.

Comment percevez-vous l’ascension de votre frère?

AL: Félix est arrivé un peu plus tôt que moi malgré son âge, c'est à lui qu’on doit la première grosse perf sur le circuit international. On est arrivé en même temps sur le circuit, on s’aide au quotidien à avancer comme ça. Je suis juste super fier de lui. Pour l'équipe de France, c’est exceptionnel d’avoir un leader comme lui. Je suis juste content pour lui, ça me fait un adversaire de poids au quotidien pour m’entraîner. J’espère que je vais pouvoir le rattraper assez rapidement.

Comment vivez-vous l’engouement au quotidien, cette ascension médiatique. Est-ce plutôt flatteur?

FL: Il y a un engouement qui se passe qui est exceptionnel. C’est un régal. On joue devant beaucoup de public. Le FDI stadium était rempli avec une ambiance de folie. Pour jouer, c’est toujours un plaisir. Concernant les médias, on essaie de gérer, de ne pas trop en faire, de rester concentré sur le tennis de table. Après, si on peut aider au développement médiatique de par nos performances, c’est encore un plus.

Avez-vous déjà reçu des messages de grandes stars du sport français qui veulent vous défier sur un match? Avez-vous des noms à nous donner?

AL: Pas pour nous défier, non, mais on a déjà joué un peu avec Florent Manaudou et Valentin Porte. On a bien rigolé. Il me semble qu’on avait joué un peu ensemble, peut-être au panier de balles, je ne sais plus. Après, on a reçu des messages de quelques sportifs, je pense notamment à Raphaël Varane qui nous a envoyé un message de félicitations, ça faisait super plaisir. C’est toujours kiffant de recevoir des messages de gens qui ont fait de belles choses dans leur carrière.

Félix, la célébration de votre frère montant sur la table ne vous a-t-elle pas énervé?

FL: Je n’ai pas trop regardé j’avoue, j’étais juste déçu (rires). C’est normal qu’il profite. Je sais qu'en plus, il aime bien vivre des émotions comme celles-ci. Forcément, tout le monde aime gagner des titres (sourire) c’est cool qu’il ait pu profiter, gagner un titre à Montpellier c'est génial pour lui. Mais j'avoue que moi, je n’ai pas trop prêté attention à la célébration.

Bartoli Time