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Euro de volley: les Bleus vont-ils décrocher le titre?

Irrésistible depuis le début de la compétition, l’équipe de France retrouve l’Italie en quart de finale de l’Euro de volley qu’elle dispute à domicile, mardi soir (20h45). La Pologne est l'adversaire le plus fort qui pourrait barrer la route des Bleus vers un titre à la maison.

La Russie et son cortège de stars (Poletaev, Muserskiy, Butko, Mikhailov, Volvitch...), favorite avec la Pologne du roi Leon, a pris la route vers l’Est. La championne d’Europe en titre s’en est allée, balayée par une tornade slovène en quarts. Le tenant a failli. C’est possible. Que cela serve de leçon. Jusqu’ici, l’équipe de France a su éviter les pièges tendus sur sa route. Mais les certitudes acquises depuis le début de la compétition peuvent être balayées aussi vite qu’elles sont apparues. Et l’édifice construit par les hommes de Laurent Tillie s’ébranler tel un château de cartes. La rareté d’un tel événement en France pour un sport collectif qui végète habituellement dans l’anonymat médiatique et populaire alourdit la pression qui pèse déjà sur les solides épaules des partenaires du virevoltant Earvin Ngapeth.

Le quart de finale contre l’Italie au Hall XXL de Nantes peut servir de tremplin vers un objectif plus grand encore. "La Fédération a pris des risques (financiers), il faut aller à Bercy (qui accueillera une demi-finale et la finale)", répétait à l’envi Laurent Tillie en prévision de ce choc face à l’Italie. Pour prendre de la hauteur, il faudra passer au-dessus des mains expérimentées d’Osmany Juantorena et Ivan Zaytsev. A la recherche du temps perdu, l’Italie espère raviver le glorieux passé des générations précédentes, celle des "Fenomeni" (qui a tout gagné entre 1989 et 1999, hors JO), et court un premier titre majeur depuis l’Euro 2005. Le match de dupes que se sont livrés les deux équipes en poules (victoires 3-1 des Bleus), alors qu’elles étaient qualifiées, a aiguisé leur appétit.

Trois finales à jouer

"Ils vont bien analyser notre jeu, c’est un peu ça le piège, ils sont très tactiques. J’espère qu’ils ne vont pas trouver la solution pour nous faire déjouer", craignait Jenia Grebennikov après la victoire en huitièmes de finale contre la Finlande. "Il y a une vraie rivalité, a déclaré Earvin Ngapeth, qui n’a rien oublié du fiasco de Rio. On se connaît bien, c’est vrai, parce qu’il y a aussi des partenaires, des ex-partenaires de l’autre côté. C’est un match qui revêt beaucoup d’enjeux, en plus d’être un quart de finale de l’Euro." Intensité, agressivité et implication, les Bleus tenteront d’utiliser les mêmes ingrédients d’une recette qui a si bien fonctionné depuis le début de la compétition. Il leur reste trois finales à dispuiter, et la salle aura un rôle clé à jouer.

"L’ambiance a été extraordinaire", savourait Laurent Tillie à Nantes, après la Finlande (3-0). "Je dois avouer que le dernier temps mort, c’était pour en profiter, souriait le sélectionneur. C’était tellement beau qu’il fallait sentir cette ovation. C’était vraiment un hommage qu’on pouvait faire au public en restant un peu plus longtemps." "On avait ce même engouement en 86, au championnat du monde à Toulouse et Montpellier, relevait encore Tillie. On essaye de rester dans notre bulle, de rester concentré sur nous, sur notre jeu." Si les Bleus, auteurs d’un sans faute jusqu’ici (un seul set égaré en route), maîtrisent leurs émotions et dominent l’Italie, ils prendront la direction de Bercy, dernière étape de leur voyage.

L'épouvantail polonais

La Serbie des Kovacevic, Lisinac, Atanasijevic ou Ivovic, des joueurs qui, pour la plupart, ont évolué ou évoluent en Italie, pourrait accompagner la France en demi-finales (vendredi à 20h45). Un adversaire qui réussit plutôt bien à l’équipe de France. Et après? L’ogre polonais, double champion du monde en titre (2014-2018), attendra très certainement les Bleus. Hormis un léger faux-départ contre l’Estonie (3-1), les Polonais de l’inénarrable Vital Heynen n’ont fait qu’une bouchée de leurs adversaires. Dernière victime en date? L’Allemagne, balayée en trois manches (25-19, 25-21, 25-18) en huitièmes de finale. Trop inoffensive au service, la bande du poète Gyorgy Grozer n’a pas su contenir la vélocité et la férocité du réceptionneur-attaquant star de l’équipe adverse: Leon (18 points).

La dernière fois que l’équipe de France a, très récemment (11 août), affronté la Pologne, dans un match de qualification pour les JO, les hommes de Laurent Tillie ont été surclassés, concassés au bloc, déstabilisés en réception par la puissance de feu adverse. "La Pologne, c'est ce qui se fait de mieux, et aujourd'hui, on est largement au-dessous d'eux", regrettait le passeur Benjamin Toniutti à l’époque. La France est autrement plus impressionnante aujourd’hui, son jeu plus structuré autour de ce qui a toujours fait la force de cette génération. Surtout, la Pologne, championne du monde 2018, a pour objectif de faire mieux que sa devancière, titrée en 2014. La Pologne n’était en effet plus montée sur un podium depuis sa victoire à domicile il y a cinq ans. Elle n’a plus gagné un championnat d’Europe depuis 2011.

QM