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Mondiaux d'athlétisme: "Il faut que je libère les fauves en moi", Kevin Mayer est prêt à briller

Kevin Mayer débute son décathlon ce samedi (18h50 heure française) aux Championnats du monde de Eugene. Le Montpelliérain ne pense "qu’à libérer les fauves qui se débattent en [lui] depuis plus d’une semaine". Le recordman du monde est attendu comme le messie pour débloquer le compteur de médaille français. Il n’est pas encore la dernière chance, mais la plus solide.

Comme d’habitude ces dernières années, le corps de Kevin Mayer est scruté par les suiveurs de l’athlé tricolore. Le moindre bandage, le moindre boitillement est analysé. Mais sur le campus de l’université d’Oregon, miracle, rien à signaler !

"Le tendon d’Achille va beaucoup mieux. J’ai pu faire de très bons entraînements, j’aborde ces championnats du monde avec une aisance physique bien meilleure par rapport à Tokyo." Car Mayer revient de loin, entre les Jeux olympiques de Tokyo où il avait le dos bloqué, soigné par des antidouleurs (une première dans sa carrière !) et les Mondiaux de Doha en 2019, où il avait abandonné à cause déjà d’un tendon d’Achille et un ischio douloureux.

Le stress, un signe de performances "pas mal"

"De me sentir aussi bien, c’est presque une appréhension justement. Tant que je ne serai pas sur la piste, j’aurais toujours peur que quelque chose arrive." Traumatisée par ses blessures passées, la star tricolore ne veut plus voir la piste du Hayward Field où il voudra reconquérir son titre de champion du monde, perdu en 2019.

"Je reste dans ma chambre les deux derniers jours avant la compétition. Je ne peux plus aller au stade, déjà parce que rester deux heures assis, ce n’est pas terrible. Mais surtout j’ai le cœur à 1000 à l’heure, j’ai la pression qui monte. Je ne vis pas de super moments d’attente." Mais selon Kevin Mayer, cette tension interne est un bon signe. "Quand je suis comme ça, c’est que j’attends beaucoup de moi-même donc les perfs devraient être pas mal."

Record à la perche sur élan réduit cette saison

Le double vice-champion olympique est mort de faim. Faim de record, de résultat. Prendre enfin du plaisir sur la piste. "Encore plus que d’habitude car à Tokyo, j’étais en mode suicidaire. Je faisais le décathlon en attendant que ça pète. C’était le plus horrible de ma vie."

Mayer peut recourir depuis deux mois et grâce à son aisance technique, il n’a pas eu besoin de travailler toutes les épreuves. Il a pratiqué la longueur (7m38), la perche (5m30, son record sur élan réduit) ainsi que le disque et le javelot. Et grâce à sa vitesse et sa technique, le total de point pourrait s’envoler à Eugene, stade qu’il adore.

Mayer face à Warner : tout d’un blockbuster

Il faudra viser diablement haut quoi qu’il arrive. Pour être champion du monde, il faudra approcher voire dépasser la barre des 9000 points, franchie seulement par quatre athlètes dans l’histoire. Deux se feront face, Mayer évidemment et le Canadien Damien Warner, champion olympique en titre.

"Je veux vraiment avoir les armes pour me battre pour le titre. Si on n’est pas blessé tous les deux (Warner ressentirait une gêne aux ischios-jambiers), ça va se jouer à rien. Je veux vraiment me faire plaisir car si on ne pense qu’aux attentes, au devoir de ramener une médaille à la France, ça paralyse on ne fait pas de bonnes performances. Il faut que je libère les fauves qui se débattent en moi." Premiers rugissements sur 100m, ce samedi à 18h50 heure française.

Aurélien Tiercin, à Eugene