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Facteur aggravant pour les chutes ou idée reçue? Comment la vitesse moyenne du peloton a évolué ces dernières années

INFOGRAPHIES. Les chutes se multiplient dans le peloton et même les favoris se retrouvent à terre et blessés ces dernières années. Si le risque a toujours existé sur les grandes courses aux forts enjeux, la vitesse globale du peloton et des leaders semble avoir son importance. Vrai facteur aggravant ou idée reçue? RMC Sport compare.

A l’image de Remco Evenepoel, Jonas Vingegaard ou encore Primoz Roglic, plusieurs favoris du Tour du Pays basque ont été pris dans une terrible chute ce jeudi lors de la quatrième étape. Si tous ont échappé au pire, certains sont quand même victimes de plusieurs fractures qui vont bouleverser le calendrier de leur saison.

Au-delà des tracés relevés pour les courses ou de l’amélioration continue du matériel dans le peloton pour rechercher la performance, la vitesse constitue un facteur aggravant sur ces chutes. Et elle n’a eu de cesse d’augmenter depuis 1960 sur le circuit professionnel. En particulier sur les trois Grands Tours (Tour de France, Giro et Vuelta) ainsi que sur les cinq Monuments du cyclisme: Milan-San Remo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et Tour de Lombardie.

Philipsen, le plus rapide de l’histoire sur Milan-San Remo

Premier Monument de l’année, la course Milan-San Remo a couronné Jasper Philipsen le 16 mars dernier. Grâce à une vitesse moyenne de 46,11km/h, le Belge a pu devancer ses rivaux Michael Matthews et Tadej Pogacar pour la victoire. Surtout, le coéquipier de Mathieu van der Poel chez Alpecin-Deceuninck est le vainqueur avec l’allure la plus rapide de l’histoire de la classique italienne. Mieux donc, que le précédent record établi en 2023 par Van der Poel avec 45,77km/h en moyenne.

Depuis 1960, et n’oubliant pas les aléas (météo, chute, etc) qui ont pu favoriser la vitesse ou inciter à la prudence, on constate quand même une augmentation globale de l’allure moyenne pour le vainqueur de Milan San-Remo avec un écart, par exemple, de 8,56km/h entre le vainqueur de 2024 et celui de 1975 (Eddy Merckx avec une moyenne de 37,53km/h).

Un Tour des Flandres plus rapide que jamais mais l’écart reste faible

Successeur de Tadej Pogacar au palmarès du Tour des Flandres, Mathieu van der Poel a également battu l’allure du Slovène quand il a remporté son troisième sacre en cinq ans sur la prestigieuse course disputée le 31 mars dernier.

Là encore, les vitesses moyennes des vainqueurs des deux dernières éditions du Tour des Flandres sont les plus rapides de l’histoire. Et l’écart avec les années antérieures se fait lui aussi sentir même s’il reste limité à 5,79km/h de différence par rapport à la vitesse moyenne d’Arthur Decabooter (38,69km/h) lors de sa victoire en 1960.

Mathieu van der Poel, empereur incontesté du Ronde
Mathieu van der Poel, empereur incontesté du Ronde
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Malgré les pavés, la vitesse presque toujours au rendez-vous de Paris-Roubaix

A l’heure où la chicane placée juste avant la Trouée d’Arenberg suscite la polémique pour l’édition 2024, Paris-Roubaix reste jusqu’ici le Monument le plus rapide du cycliste en termes de vitesse moyenne. Sauf les exceptions liées à la pluie ou à des chutes massives, l’Enfer du Nord voit le plus souvent les favoris se jouer la victoire à vive allure.

Dylan van Baarle et le toujours favori Mathieu van der Poel ont ainsi remporté le Monument français avec la plus grande vitesse moyenne de l’histoire de la course avec respectivement des allures à 45,79km/h et 46,84 km/h. Mais la différence avec leurs aînés ne semble pas aussi importante. En 1960, Pino Cerami l’emportait en courant déjà à 43,54km/h.

Evenepoel privé d’un triplé historique sur Liège-Bastogne-Liège mais une allure folle

Victime d’une fracture de l’omoplate et d’une fracture de la clavicule, Remco Evenepoel ne pourra pas tenter de remporter un troisième titre consécutif et n’imitera donc pas ses compatriotes Léon Houa et Eddy Merckx. Mais le phénomène de la formation Soudal-Quick Step pourra se réjouir d’avoir été le vainqueur avec la plus grosse vitesse moyenne lors de ses victoires en 2023 (41,21 km/h) et 2022 (41,41 km/h).

Avant lui, les allures sur la classique ardennaise oscillaient entre 38,63km/h et 40,55km/h ces dernières années. Un écart qui se fait encore plus sentir par rapport aux rythmes de course sur la 'Doyenne' des classiques dans le passé. Ainsi, en 1970, Roger De Vlaeminck s’imposait avec une allure de 33,41 km/h soit près de 8km/h de moins que le nouveau 'cannibale' belge du circuit.

Pogacar nouveau roi du Tour de Lombardie mais pas le plus rapide

Victorieux des trois dernières éditions du Tour de Lombardie, Tadej Pogacar est le nouveau roi du Monument italien. Mais le Slovène de l'équipe UAE-Emirates n'est pourtant pas celui qui roule le plus vite de l'histoire malgré ses 40,16km/h de moyenne en 2023.

Avant lui, le Danois Jakob Fulsang (41,63 km/h) et le Néerlandais Bauke Mollema (41,31 km/h) se sont révélés plus rapides que lui en 2020 et 2019. Même notre Thibaut Pinot national a fait mieux que 'Pogi' en 2018 avec ses 40,92km/h d'allure moyenne. Mais à l'arrivée, sur le Tour de Lombardie comme sur les quatre autres Monuments du cyclisme, on constate une augmentation de la vitesse moyenne (hormis faits de courses exceptionnels) de plusieurs kilomètres par heure au fil des décennies.

Les Grands Tours ne font pas exception, la vitesse augmente

Assez logiquement, compte-tenu de la maîtrise toujours plus poussée des gains marginaux et de l'amélioration du matériel, les trois principales courses à étapes de l'année ont connu une augmentation de la vitesse globale du peloton lors des dernières décennies.

Certes, l'écart entre les années 60-70 et les courses actuelles n'atteint jamais les dix kilomètres mais l'augmentation de l'allure est bien là. Et ce, malgré la volonté des organisateurs de rendre les Grands Tours de plus en plus difficiles avec des parcours de toujours plus relevés. Sur les routes italiennes, le Giro a ainsi oscillé entre 34,27km/h lors de l'édition 1965 et 40,83km/h de moyenne en 2020. Mais depuis trois ans, la tendance s'est légèrement inversée avec notamment 39,17km/h de moyenne en 2023.

Les GG "contre-attaque" : "Chute de Wout Van Aert : le cyclisme est devenu le sport le plus dangereux !", Christophe Cessieux - 30/03
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Malgré les tracés compliqués des dernières années, la Grande Boucle continue de voir sa vitesse moyenne atteindre des sommets. Si le pic de 42,11km/h du Tour de France 2022 a de quoi impressionner, surtout en comparaison avec les 34,91 km/h de l'édition 1975, on constate une augmentation d'environ 4km/h de moyenne entre les années 60 à aujourd'hui.

Un écart encore plus important en Espagne où la Vuelta a vu l'allure du peloton gagner près de 7km/h entre l'édition1960 (34,58km/h) et celle de 2023 (41,10km/h). Là encore, l'évolution au fil des décennies a tendu vers cette hausse globale de la vitesse des coureurs.

Jean-Guy Lebreton avec Théophile Magoria