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Affaire Rubiales : gouvernement, FIFA… comment la pression est montée autour du président de la Fédération après son baiser forcé

Dos au mur depuis son dérapage lors de la finale de la Coupe du monde féminine et son baiser forcé sur la bouche de Jenni Hermoso, Luis Rubiales est de plus en plus isolé. Lâché par le gouvernement espagnol, les clubs, joueurs et joueuses, le président de la Fédération espagnole est dans l’impasse. Le parquet espagnol a lui annoncé qu'il allait ouvrir une enquête pour "agression sexuelle".

Huit jours après le sacre de l’équipe féminine lors de la Coupe du monde, l’exploit sportif de la Roja n’est toujours pas au centre des débats. La faute au comportement déplacé de Luis Rubiales à l'occasion de la finale face à l’Angleterre. Très expressif au coup de sifflet final, le président de la Fédération espagnole s’était touché les parties intimes devant la reine Letizia et l’infante Sofia (16 ans), avant d’embrasser Jenni Hermoso sur la bouche. Un geste qui a provoqué un tollé d’indignation bien au-delà de l’Espagne. Et qui a désormais des conséquences judiciaires. Le parquet espagnol a annoncé ce lundi qu'il allait ouvrir une enquête pour "agression sexuelle".

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La grogne monte chez les joueuses

Première choquée par le baiser de Rubiales, l’attaquante de Pachuca a martelé à plusieurs reprises que ce n’était pas consenti. Soutenue par ses coéquipières et de nombreux acteurs du football espagnol et mondial, la joueuse de 33 ans a signé, en compagnie de 80 joueuses - dont les 23 championnes du monde - un communiqué dans lequel elles annoncent se mettre en retrait de la sélection “si la direction actuelle continue”, tout en dénonçant le comportement du patron du foot espagnol, qui s’est excusé dans une vidéo en rentrant d’Australie.

La présidente de la Liga féminine, Beatriz Alvarez Mesa, estime que “les limites ont été dépassées” par Rubiales, qui a exposé son vrai visage lors de la finale du 20 août dernier. "J'ai honte de l'image mondiale que donne le football espagnol à cause du comportement inacceptable du président de la Fédération royale espagnole de football. Je reçois d'innombrables appels et messages de footballeuses, d'entraîneuses, de dirigeantes et de collègues, même d'autres ligues mondiales, qui sont choquées par ce qui s'est passé, écrit-elle, avant de durcir son message. Je voudrais profiter de cette occasion pour dire que je fais partie de ce groupe honorable "d'idiots, d'imbéciles, de crétins, de couillons et de trous du c**", comme le Président nous a décrits sur la Cadena Cope."

Ses soutiens lui tournent le dos

Fragilisé, Luis Rubiales a également vu ses plus proches soutiens lui tourner le dos, à commencer par Jorge Vilda. Le sélectionneur espagnol est dans la tourmente depuis quelques mois et la révolte de 15 joueuses, qui se sont volontairement mises en retrait de la sélection pour dénoncer les méthodes jugées “dictatoriales” du technicien. Seulement trois ont été rappelées pour la Coupe du monde (Aitana Bonmati, Ona Battle, Mariona Caldentey) et Jorge Vilda a toujours pu compter sur le soutien de Luis Rubiales, qui n’exclut pas une prolongation de contrat après le succès en Océanie.

Mais l’affaire du baiser forcé a amené le sélectionneur à revoir sa position. Dans un communiqué, il fustige le comportement du patron du foot espagnol à l'égard de l'attaquante de Pachuca. Le tout 24 heures à peine après l'avoir applaudi lors de son discours à l'assemblée générale de la Fédération, où Rubiales avait annoncé qu’il ne comptait pas démissionner. “Il ne fait aucun doute que ce comportement est inacceptable et ne reflète en rien les principes et les valeurs que je défends dans ma vie, dans le sport en général et dans le football en particulier. Je condamne sans réserve toute attitude machiste, indigne d'une société avancée et développée”, rappelle Vilda.

La classe politique s’en mêle

L’affaire Rubiales va bien au-delà du monde du ballon rond. Alors que l’Espagne prend à coeur les problèmes d’inégalités hommes-femmes, le gouvernement s’exprime également à propos du #MeToo du football. Les appels à la démission se succèdent, tout comme les critiques avant et après l’assemblée générale exceptionnelle de la Fédération organisée le 25 août dernier, où Luis Rubiales avait martelé son intention de ne pas quitter son poste.

“Ce que nous avons vu aujourd’hui à l’Assemblée de la Fédération est inacceptable. Le gouvernement doit agir et prendre des mesures urgentes : l’impunité pour les actes machistes est terminée. Rubiales ne peut pas rester en fonction”, a tweeté Yolanda Diaz, vice-présidente du Gouvernement et ministre du Travail.

La Fifa hausse le ton

Face à l’ampleur de la polémique, la plus haute instance du football décide de hausser le ton, au lendemain de la prise de parole lunaire du président de la RFEF. Outre l’ouverture d’une procédure disciplinaire à l'encontre de Luis Rubiales, la Fifa a suspendu le dirigeant "de toute activité liée au football national et international" pour au moins 90 jours, le temps d'y voir plus clair sur l'avancée de l’enquête à son encontre. L’homme de 46 ans ne doit pas entrer en contact avec Jenni Hermoso et son entourage. La suspension prive également Luis Rubiales de ses fonctions de vice-président de l'UEFA.

La Fédération espagnole, via son président intérimaire Pedro Rocha, organise elle une réunion de crise ce lundi à 16 heures pour analyser et évaluer “la situation actuelle” et évaluer “les décisions ou actions à prendre”. En parallèle, il pourrait voir sa suspension se prolonger. Tout dépendra de la décision du Tribunal administratif des sports espagnol (TAD), qui se réunit ce lundi pour se prononcer sur la demande de suspension des fonctions de président de Luis Rubiales pour “infractions très graves”. S’il refuse toujours de démissionner, le président de la Fédération n’est pas pour autant sorti d’affaire, puisque plusieurs options existent pour le pousser vers la sortie.

Analie Simon Journaliste RMC Sport