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Affaire Rubiales: "Je ne me suis pas sentie respectée", Jenni Hermoso raconte le moment du baiser forcé à la justice

Le média espagnol Cuatro a publié l’intégralité de la déclaration de Jenni Hermoso devant la justice lors de sa plainte déposée contre Luis Rubiales, ancien président de la Fédération espagnole de football, pour son baiser forcé après le sacre mondial de la sélection féminine espagnole.

L’émission Codigo 10 de la chaine espagnole Cuatro a diffusé l’intégralité de la déposition de Jenni Hermoso devant la justice après le baiser imposé par Luis Rubiales, alors président de la Fédération espagnole de football, sur le podium lors de la célébration du sacre mondial de la sélection féminine espagnole, le 20 août dernier.

"La chose dont je me souviens, ce sont ses mains sur ma tête et son baiser sur la bouche"

"A la cérémonie de remise des médailles, il m'a donné la médaille", explique-t-elle. "Je salue la reine, j'embrasse sa fille et la personne suivante était Rubiales. Je le serre dans mes bras et la première chose que je dis quand je le serre dans mes bras, c'est ‘Dans quoi nous nous sommes embarqués’, il me saute dessus et je reste ferme. Quand il est descendu, la seule chose dont je me souviens, c'est qu'il m'a dit 'Nous avons gagné cette Coupe du monde grâce à vous.' La chose dont je me souviens, ce sont ses mains sur ma tête et son baiser sur la bouche."

"Non, je ne m'y attendais même pas", ajoute-t-elle. "Comment pourrais-je m'attendre à cela sur cette scène, lors d'une finale de Coupe du monde? Je n'ai même pas attendu ce moment et je ne sais rien de la manière dont cet acte se déroulerait. À ce moment-là, j'ai été choquée par cette célébration. Un fait historique qui nous a beaucoup coûté. À aucun moment je ne pourrais m’attendre à ce que cela se produise. Oui, juste à cause de l'adrénaline je l'ai serré dans mes bras, c'était une personne digne de confiance et personne ne s'attendrait à cela, aussi spontané soit-il. Là, je n'ai pas eu le temps de réagir. Ça a duré quelques secondes et, instantanément, je suis descendue de scène avec mes coéquipières. La première chose que j'ai dite à Alexia (Putellas) et Irène (Paredes), c'est: "Hé, Rubiales vient de m'embrasser sur la bouche." Alexia m'a dit: ‘Qu'est-ce que tu dis?’ Et j'ai dit : 'Oui, oui. Très fort'."

Jenni Hermoso, désormais joueuse au sein du club mexicain de Pachuca, explique s’être forcée à fêter le titre mondial pour ne pas laisser ce geste gâché ce moment historique. "On retourne aux vestiaires", témoigne-t-elle. "Il y a une atmosphère de fête. Nous avons été champions. Nous ne l'avions pas imaginé. Et à la fin, mon sentiment à ce moment-là était que je ne pouvais pas détourner l'attention de l'événement qui s'était produit parce qu'il était historique. Nous avons dû profiter de quelque chose qui nous avait coûté si cher à réaliser."

A la question-clé de savoir si le baiser était consensuel, Jenni Hermoso est très ferme: "Non. Je ne me suis pas sentie respectée ni en tant que joueur ni en tant que personne."

"À ce moment-là, j'ai essayé de serrer les dents et de continuer à profiter avec mes coéquipières. Je ne voulais pas regretter de ne pas avoir apprécié ce moment. Il était clair sur ce qui s'était passé. Je l'ai transmis à mes collègues dès ma descente. Je n'avais pas vu l'image du baiser jusqu'à ce qu'ils me la montrent dans le vestiaire. Quand on voit les images, c'est comme... ‘Est-ce que c'était réel?’"

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Elle évoque ensuite longuement les pressions reçues par Rubiales et ses équipes alors que la polémique du baiser enflait. "Ils m’ont disent que le président est sorti", situe-t-elle. "Il me dit: 'Jenni, Jenni, on parle beaucoup du baiser.' Je lui dis que ce n’était pas bien bien. Je lui ai dit : 'Tu sais que tu vas tomber.' Parce qu’au final, il l’a fait devant tout le monde. Il m'a encore expliqué le moment du baiser et je lui ai dit "Tu n'as rien à m'expliquer". Là, il me dit qu'il doit aller au vestiaire pour dire quelques mots et je pense que là, il avait déjà conscience de ce qui se passait. Quand il est arrivé, il a essayé de détourner un peu le sujet et nous a dit que nous avions un voyage payant à Ibiza si nous le souhaitions. Cela fait également référence à sa façon de la traiter. Il m'a attrapé l'épaule parce que j'étais à côté de lui, puisque nous sommes entrés ensemble dans les vestiaires. Là, j'ai commencé à me sentir mal à l'aise et j'ai vu que quelque chose de plus grave se passait."

"Nous avions une relation en tant que joueur et président, explique-t-elle au sujet de ses échanges avec Rubiales avant le baiser. Un traitement formel et cordial."

Dans ce long témoignage, la joueuse accuse le coup émotionnellement. "Je n'ai pas quitté la maison, pourquoi dois-je être réprimée? Je ne pense pas que je mérite d'avoir vécu tout ça. Ils ont terni mon image et j’avais l’impression que personne ne me protégeait." Après avoir tenté de sauver son poste pendant de longues semaines, Luis Rubiales a finalement démissionné le 11 septembre dernier.

NC