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Mondiaux de natation: Léon Marchand, la terreur des bassins appelée à briller lors des JO de Paris 2024

A un an des Jeux olympiques de Paris, Léon Marchand a encore marqué les esprits ce jeudi lors des Mondiaux de natation au Japon en remportant son troisième titre de la semaine. La confirmation d'un immense talent.

Il lui en faudra beaucoup plus pour prendre le melon. En remportant le 200 m 4 nages ce jeudi à Fukuoka au Japon, Léon Marchand est devenu à 21 ans le nageur français le plus titré de l'histoire des Mondiaux avec cinq couronnes au total, mais aussi le premier à décrocher trois médailles d'or individuelles dans une seule édition des Championnats du monde. "J’ai vu ça cet après-midi, c’est cool ! Je gagne, donc je suis content", a-t-il commenté avec sa sobriété habituelle. Déjà vainqueur du 400 m 4 nages et du 200 m papillon lors de ces Mondiaux, le Toulousain n’en finit plus d’impressionner. Et de marquer les esprits à un an des Jeux olympiques de Paris où il sera l’une des plus belles chances de médailles pour le clan bleu, blanc, rouge.

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Car avec lui, la natation française tient un phénomène, un stakhanoviste des bassins humble et bien encadré, qui ne semble pas avoir de limites. "C’est génial, ce n’est que le début", a-t-il promis avec le sourire après avoir une nouvelle fois écœuré la concurrence, le regard déjà tourné sur ses axes de progression. "Il va falloir analyser la course, confiait-il. Je pense que si j’arrive à partir plus vite, ça peut le faire parce qu’en général en brasse et en crawl c’est plutôt pas mal. En crawl, je manque un peu de puissance pour finir mais je pense que c’est surtout le papillon et le dos où il faut que j’arrive à passer un peu plus vite." L'été dernier, aux Mondiaux de Budapest, le jeune homme avait déboulé sur la scène internationale avec trois médailles dont deux titres.

"Il nous surprendra toujours", confie son papa

Le fruit de son travail accompli du côté de Phoenix, en Arizona, où il est expatrié depuis deux ans et où il partage son quotidien entre natation et études d'informatique. Dans l’ouest américain, il est entraîné par un certain Bob Bowman, l'ancien coach emblématique de Michael Phelps. Comme un symbole, c'est d'ailleurs des mains de la légende aux 23 titres olympiques qu’il a reçu sa médaille d'or du 400 m 4 nages sur le podium de la piscine de Fukuoka. Fils de Xavier Marchand, vice-champion du monde du 200 m 4 nages, et de Céline Bonnet, ancienne détentrice du record de France du 100 m 4 nages et 200 m 4 nages, le surdoué de la natation tricolore affiche une progression fulgurante. Qui fait dire à son papa qu’il est tout simplement "Léonissime".

"C’est énorme ! On est sur le même nuage que lui. Je ne sais pas si on s’en rend vraiment compte. On essaie de profiter. C’est assez magique. J’ai du mal à réaliser. Là c’est encore un autre niveau. Il nous surprendra toujours. Il a tout ce qu’il faut, il a une bonne étoile et il fait tout à 100% pour que ça se passe bien. Il met tout en œuvre pour que ça fonctionne et ça fonctionne, c’est top", témoigne Xavier Marchand au micro de RMC Sport. Même fierté chez Oscar, le petit frère de Léon : "C’est beaucoup d’émotions. Ses temps, son mental… Il arrive à m’étonner à chaque course, il est extraordinaire. C’est incroyable ce qu’on vit en ce moment. On ne l’attendait pas forcément l’an dernier lorsqu’il a performé à Budapest. Cette année, on l’attendait, il était favori et il a réussi à confirmer sur ses trois courses. Je suis fier d’être son petit frère."

Son formateur le voit "capable de faire beaucoup mieux"

Nicolas Castel, l'entraîneur qui accompagne le Français depuis ses débuts dans le club toulousain des "Dauphins du Toec" et qui le supervise lorsqu’il rentre à Toulouse, embraye : "Il est triple champion du monde, c’est exceptionnel, il ne faut pas se blaser de ça mais se réjouir. Il reste humain, on a vu des grands champions craquer à des moments où on pensait qu’ils allaient pulvériser tout le monde. Ça peut arriver donc il faut rester vigilant. Mais on est confiant parce qu’il donne toujours tout. Rien ne pouvait lui arriver aujourd’hui. Il va falloir un peu de temps pour réaliser. On peut savourer. Même si ce n’est pas fini, il reste des relais, il va rester mobilisé." Mieux, Castel promet que son poulain "a passé un step supplémentaire mais qu’il a encore des steps à passer".

"Il est capable de faire beaucoup mieux, mais il a pris de l’assurance depuis l’année dernière, appuie-t-il. Je le sens relâché, sûr de son plan. Il passe des steps dans son approche de la course. Tout le travail effectué cette année a payé. On a la possibilité d’être encore meilleurs. Il ne faut jamais se reposer sur ses acquis, les adversaires vont vouloir lui courir derrière. Il y aura des attentes supplémentaires. Mais ça va le faire ! Il faut garder du plaisir et l’envie de gagner." Pour atteindre ses objectifs toujours plus élevés, Marchand sait parfaitement s’entourer.

Il est entouré par un préparateur mental

Depuis 2020, il est par exemple épaulé par un préparateur mental, Thomas Sammut, qui s’est confié sur leur collaboration dans une interview pour RMC Sport : "Ce qui marque tout de suite chez Léon par rapport aux autres sportifs que j'ai encadrés ou que je continue à encadrer, c'est sa maturité. Il m'a contacté quand il devait avoir 18 ans. D'habitude je ne travaille pas aussi tôt avec des sportifs, j'aime bien qu’ils aient un peu plus d'expérience. Et en même temps, il avait déjà connu l'échec et ça, ça me plaisait parce que je pars du principe que l'échec fait partie intégrante de la réussite. Et comme il avait déjà vécu ça et qu'il voulait s'en sortir, il était au point A et il voulait aller au point B... mais il ne savait pas forcément comment arriver au point B. Mais déjà, on sentait chez lui cette volonté d'avoir une approche différente de celle qu'il avait. C'est pour ça qu’on a commencé à travailler ensemble."

L’idée est aussi d’anticiper au mieux la pression propre aux JO 2024 : "On peut toujours anticiper en se disant il va se passer ça ou ça… Mais en fait, même à la dernière seconde tout peut s’effondrer. Depuis trois mois on commence à en parler. (…) On ne s’en rend pas compte, mais c’est quelque chose qui peut être très inhibant pour les sportifs de haut niveau, comme n’importe qui. Et puis surtout continuer à marteler le fait qu’il est là pour lui, c'est sa carrière, il la mène comme il le souhaite. Il n'a pas à prouver quoi que ce soit en ramenant des médailles. Même si beaucoup de personnes vont être dans l'attente de le voir briller. Mais ça, ce sont des attentes qui ne dépendent pas de lui. Ce sont des attentes incontrôlables."

"C'est un garçon évidemment moins insouciant que l'année dernière, complète Denis Auguin, entraîneur en chef de l'équipe de France de natation. On se demandait comment il allait faire face aux attentes lors de ces Mondiaux. On se posait la question et il a répondu avec beaucoup de décontraction. Il a beaucoup progressé là-dessus. On n'a pas l'impression que c'est actuellement le meilleur nageur du monde. Il est capable de digérer son nouveau statut. Ça n'a pas beaucoup de prise sur lui, même s'il y a cette petite différence en termes d'insouciance." Preuve de ce nouveau statut, le Capitole de Toulouse sera illuminé ce jeudi soir de vert et de blanc, les couleurs historiques des Dauphins du Toec, pour célébrer l'irrésistible Marchand.

RR, avec Julien Richard à Fukuoka (Japon)