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Mondiaux de biathlon: alors que les femmes brillent, comment expliquer le manque de résultats des Français?

Pas de podium individuel encore pour les biathlètes français sur ces Mondiaux de biathlon. Seulement sept top 10 en trois courses individuelles. Alors comment expliquer ce manque de résultats? La concurrence norvégienne, le manque de régularité au tir… les principaux intéressés tentent de trouver des réponses.

Ces mondiaux commençaient parfaitement pour l’Equipe de France. Un titre mondial sur le relais mixte avec Eric Perrot, Quentin Fillon Maillot, Julia Simon et Justine Braisaz Bouchet. Puis, les filles ont réalisé un quadruplé historique sur le sprint. Chez les hommes, cette première course en solitaire, se solde par une très belle quatrième place d’Eric Perrot. Emilien Jacquelin, huitième et Quentin Fillon Maillet, neuvième, se placent bien pour jouer une éventuelle médaille le lendemain lors de la poursuite.

Mais finalement, tout se brouille, se dérègle 24 heures plus tard. Le meilleur français, auteur d’un 20/20 au tir est Fabien Claude. Les trois autres tricolores engagés finissent entre la 11e et 14e place. A l’avant, quintuplé norvégien. "Ils sont ultra dominateurs, deux Suédois viennent se perdre au milieu. Avant c’était nous sur le sprint. Les Norvégiens ouvrent des portes mais nous on n’est pas assez bons pour aller les saisir. Faudra tirer les leçons de tout ça. Être plus dans la simplicité et moins dans le calcul", analyse, le ton grave, Simon Fourcade, l’entraineur des Bleus, après la poursuite.

Les premières leçons à tirer? Le manque de régularité sur le pas de tir. Lors de la poursuite, rien à dire pour Fabien Claude, aucune faute. Par contre, que ce soit, Quentin Fillon Maillet, Eric Perrot ou encore Emilien Jacquelin, six fautes de tir au compteur pour tous les trois. "Il faut quand même souligner la belle course de Fabien. Les autres, il faudra se remettre en question. Il va falloir avoir plus de précisions au tir. Ça reste des montagnes russes et tout se passe sur le pas de tir. Faut aller trouver les clés sur ce domaine. Jouer avec du 16 ou 17 sur 20 fait qu’on n’existe pas sur des mondiaux. C’est sur ça que ça se joue. On doit trouver les clés pour faire de belles courses sur ce championnat et la fin de saison", espère l’entraineur des Bleus.

En zone mixte, après la course, devant les médias français, Quentin Fillon Maillet est réaliste : "Il n’y a pas besoin de passer devant vous pour dire que je suis déçu vous l’imaginez bien. C’est difficile pour moi au tir, il est fragile encore. J’ai du mal à retrouver de belles sensations. Je vais essayer de travailler les prochains jours parce que c’est dans la tête clairement". Emilien Jacquelin préfère se dire que rien n’est encore joué: "Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui les tirs sont moins bons, que demain ce sera encore le cas. Je continue à croire que tout est là pour performer. Les temps de ski sont plutôt bons, il y a du positif."

"Les courses s’enchainent et la déception est toujours là"

Après deux jours sans course pour les Bleus, place au retour aux affaires, cette fois sur l’individuel, mercredi. Un format de course long, 20 kilomètres et chaque erreur au tir vaut une minute de pénalité. Fillon Maillet, dossard numéro 1, deux fautes d’entrée sur le tir couché, puis une faute au premier tir debout. Même scénario pour Eric Perrot : "C’est frustrant. Deux fautes, deux minutes d’entrée, je sais après ça que je suis out pour la gagne. Mais je peux dire que je suis fier de ce que j’ai fait après."

Alors que l’inquiétude gagne le Jurassien, champion olympique : "C’est rageant. Les courses s’enchainent et la déception est toujours là. J’ai du mal sur ce tir cette année, c’est difficile. Je travaille, je m’implique beaucoup, je tire à sec à l’hôtel. Je m’investis, j’essaye de trouver des solutions. J’ai du mal à mettre ce que je veux en place sur le tir en compétition. Est-ce qu’il faut je pose la carabine pendant une semaine pour que la forme et énergie reviennent et que les sensations soient bonnes ? Je n’ai pas de solutions dans l’immédiat", soupire Quentin Fillon Maillet.

Encore une fois, les temps de ski sur cette course sont plus que bons. Si on enlève les pénalités au tir, Quentin serait 3ème sur l’individuel. "Donc la course je la perds sur le tir. C’est ça qui est rageant. Je peux venir vous voir avant la compétition et vous dire que si je fais 20/20, il y a 90% de chances que je sois sur le podium. Je sais où sont mes faiblesses". Ces faiblesses, Jean-Pierre Amat, l’entraineur du tir français masculin les a soulevées : "Ce sont des tensions. Quentin n’arrive pas à se relâcher. Il a des tensions dans le bras gauche et les balles partent en haut. C’est lié à l’effort parce qu’à l’entrainement tout va bien. Mais en situation d’efforts… comme il a bien donné sur les skis, après il a moins de lucidité et ça ne paye pas."

Pour autant, Amat préfère relativiser après l’individuel : "Comme souvent, il y a de la place mais on ne la prend pas. Ceux qui vont vite en ski, ce ne sont pas ceux qui tirent le mieux. Il n’y a pas tout qui s’aligne. Mais ça reste quand même une belle course." Finalement, ces mondiaux reflètent la saison des Français. Depuis novembre dernier et la première étape de coupe du monde, les Bleus n’ont pas fait mieux que des quatrièmes places sur les courses en solitaire. A Nove Mesto, ils n’ont pas créé d’exploits. Ils peuvent encore y croire dimanche lors de la Mass Start.

Léna Marjak