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Escrime: vainqueur à Budapest, Yannick Borel souhaite "retrouver de l'apaisement" malgré les tourments de l'épée française

Pour la première fois depuis les championnats d’Europe 2022, Yannick Borel, 35 ans, est monté sur la première marche du podium lors d’une compétition internationale. En s’imposant lors du Grand Prix de Budapest, le Français marque les esprits. Même s’il continue de regretter, auprès de RMC Sport, la situation brûlante au sein de l’épée masculine française.

Yannick, quel est votre sentiment après cette victoire ?

J’ai le sentiment du travail bien fait, car même si les résultats ne sont pas toujours au bout, je travaille dur, et quand ça paie, c’est satisfaisant. C’était une compétition importante dans un pays d’escrime. Il y avait du public toute la journée, ça fait plaisir. En plus, j’ai eu des adversaires valeureux, avec trois médaillés mondiaux individuels. C'était très bien de répondre présent à ce moment-là.

Vous êtes-vous surpris ?

Non, car je venais pour taper fort. J’ai fait deux quarts de finale dans la saison (Coupes du monde de Vancouver et Doha). Je savais que je n’étais pas loin mais qu’il fallait un petit truc en plus pour passer. Ça faisait un moment que je n’avais pas gagné. Je me suis cassé le pied il y a à peu près un an (février 2023), revenir à mon meilleur niveau a pris ce temps-là, mais c’est fait.

Vous sentez-vous monter en puissance ?

L’objectif final, c’est les JO évidemment. Je marque de gros points pour la qualification olympique, c’est tout bénef. Depuis le début de la saison, je dis que la qualification est une conséquence de mes résultats. Ce que je vise, c’est la médaille aux JO. Et si je veux être médaillé aux Jeux, il faut que je sois dans cette performance. Je voulais, à cette période exacte de l’année, être dans cette dynamique. Il y a quatre mois importants qui vont arriver jusqu’aux JO. Il reste trois Coupes du monde, un championnat d’Europe et les Jeux. Ça va permettre de rencontrer des tireurs de haut niveau, mettre en application mon travail d’analyse sur les tireurs en compétition. Je vais travailler au mieux pour l’échéance à Paris.

Ce succès va aussi avoir un impact auprès du staff, vous marquez le coup...

Je ne sais pas ce que les entraîneurs ont dans la tête, mais pour moi, c’était important à ce moment-là. Je rentre dans le top 10 mondial et la victoire, c’est unique. Il y avait deux Hongrois sur le podium. Je bats en finale le champion du monde 2019, ça montre le niveau. Avoir pu m’imposer à ce moment-là est important. Je marque de gros points pour la qualif, c’est une très bonne opération.

Vous avez décidé de vous éloigner de l’INSEP en début de saison et de passer plus de temps en club à cause de vos relations avec l’ex-manager des Bleus Hugues Obry (tout comme Romain Cannone et Alexandre Bardenet). Le rythme est-il toujours le même ?

Depuis Doha (30-31 janvier), il y a beaucoup moins de séances d’INSEP. Il y a eu un peu d’INSEP jusqu’à Heidenheim (22-23 février) puis plus du tout. Toute ma préparation pour Budapest a été faite en club. Je m’entraîne comme ça pour les raisons que l’on connaît (Hugues Obry a démissionné de son poste de manager il y a quelques jours mais reste dans le staff). Il y a eu un changement de staff, ça bouge un peu... Je pense que la situation où Romain (Cannone), Alexandre (Bardenet) et moi on n’est pas souvent à l’INSEP ne profite à personne. Personne n’est gagnant, que ce soient nos coéquipiers ou nous. Ma victoire prouve qu’on a les qualités nécessaires pour aller chercher les succès dans les conditions de travail qu’on a dû créer. On est capable de gagner. Maintenant, il est temps qu’on retrouve de l’apaisement. Ça ne profite à personne. On n’est que quatre à accéder aux tableaux de 64 ce week-end, cela montre qu’il y a quand même un problème.

La réorganisation du staff peut-elle régler certaines choses ?

Cette réorganisation a été effectuée par le DTN mais je ne vois pas trop de changements dans ce qui nous a été exposé. A priori, Gauthier (Grumier, ex-entraîneur adjoint) est à la tête du projet maintenant, et plus Hugues Obry, mais pas grand-chose n’a changé.

Valentin Jamin