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EXCLU RMC SPORT

Judo: "Maintenant, focus sur l'objectif final", clame Malonga après sa sélection pour les JO de Paris 2024

jeux Olympiques Paris 2024
En concurrence avec Audrey Tcheuméo dans la catégorie des -78 kg, Madeleine Malonga a été sélectionnée pour disputer les Jeux olympiques de Paris, au détriment de sa compatriote. La judokate se confie à RMC Sport à la suite de cette qualification.

Madeleine, ça y est, vous êtes officiellement qualifiée pour les Jeux olympiques de Paris. Quel est votre premier sentiment?

Le premier sentiment? C’est 'ouf, c'est bon je l'ai fait'. Première étape de passée. Maintenant, focus sur l'objectif final.

Quel est votre objectif?

La médaille d'or olympique.

Vous y pensez plus maintenant ou il y a désormais quelque chose de particulier?

J'y pensais déjà avant. Je dirai que maintenant c'est plus concret. Parce qu'avant je pouvais y pensé mais pour l'être, il fallait être sélectionnée. Là maintenant qu'il y a la sélection, c'est plus concret.

Comment étaient ces dernières semaines de qualification, durant lesquelles vous avez dû vous battre avec Audrey Tcheuméo?

Je dirai que mentalement c'était très dur. Après Paris, il a fallu se remobiliser. C'a été plus dur après Paris qu’après les Europe, alors que je m'étais totalement ratée. Je perds au premier tour. Après Paris, cétait dur parce que c'était un peu annoncé à demi-mot que la sélection serait à ce moment-là. Il fallait digérer tout ça. Et en même temps le contre coup d'une tension mentale à son maximum. Grâce à mon club, je me suis un peu isolée. Je suis partie préparer ce Grand Slam d'Antalya avec mon entraîneur. Je me suis réfugiée dans le travail je pense que c'est ça qui m'a aidée à tenir le coup. Et au final ça a marché et c'est trop cool.

La semaine de compétition d'Audrey, comment la gérez-vous? Vous suivez ses combats?

Non je ne suis jamais, je ne peux pas. Je préfère suivre un peu de loin en regardant les résultats. Même à la fin de sa compétition, elle fait 5eme, il y a un petit ouf de soulagement. Je me dis qu'elle n'a pas gagné. Mais en même temps je me dis 'ok elle a fait sa compète mais c'est à moi aussi de faire la mienne'. Je pouvais très bien me rater au premier tour, ce n’était pas l'objectif. C'était tout autant de pression.

Comment vous vous êtes sentie lors de la semaine de compétition?

Je me trouvais plutôt cool. J'essayais de pas être sur l'enjeu. Si j'avais été sur ça j'aurais pu passer à côté. Il fallait me dire que c'était une compétition de prépa. 'Vas-y juste à fond, sois toi-même'. C'était le seul mot d'ordre et ça a payé, c'est génial.

Et au moment de la victoire, quel était votre sentiment?

'C'est fait, trop bien'. J'étais profondément contente d'avoir gagné. Cette compétition est plus importante pour moi que l'enjeu. Je pense que ça a un impact positif pour l'après. C'est vraiment ce que je me suis dit. Là, normalement c'est bon, mais on ne sait jamais (sourire).

Il y a eu cette image à Paris, où Audrey Tcheuméo n’a pas souhaité vous serrer la main. Vous comprenez cette colère?

Chacun fait avec moyens qu'il a pour gérer ses frustrations. Ça n'aurait pas été ma manière de faire, c'a été la sienne. Il n'y a rien à dire. Je ne peux que respecter. C'était son choix de faire ça. Ce n’est pas ouf. Je ne m’attendais pas à plus ni à moins... Enfin, quand même qu'on se sert la main. On est Françaises, on est au tournoi de Paris, c'est notre public, le judo est quand même un sport avec des vraies valeurs. Après, elle a décidé de faire ça...

Avez-vous eu des échanges avec elle depuis la sélection?

Non pas du tout, j'étais en vacances. Les filles étaient en stage de prépa pour les championnats d'Europe. Donc je retrouverai les filles lundi à l'entraînement.

Il existe une appréhension de la revoir ?

Non. C'est super compliqué parce que ce sont les JO. Elle voulait tout autant que moi. Mais c'est aussi le sport de haut niveau. Ils ont fait un choix. Je ne pense pas avoir démérité ma place. Je me suis battue. J'ai gagné la compétition, il y a des règles, un chemin de sélection. C'est le sport c'est comme ça. Je suis fière de ma sélection: je vais pas baisser la tête ni être gênée, je l'ai pas volé.

Il y a désormais un poids qui s’enlève, plus de sérénité?

Oui, il va y avoir plus de sérénité c'est le mot. C'est bon, c'est fait, je suis en prépa.

Quel est désormais votre programme?

Je vais retrouver les entraineurs et on va faire un point. Et on verra sur quelle compétition je vais partir.

Ça change quoi d’avoir des JO à la maison?

Le public. Ça va être incroyable. J'ai l'image de la foule après les Jeux 2021, au Trocadéro. C'était incroyable. Tout le monde crie, est heureux. Le sport rassemble tellement. C'est une fierté immense de représenter la France aux JO de Paris.

Et il y a cette date, le 1 août, premier jour de compétition… Elle est gravée partout?

Elle n’est pas gravée partout. Je l'ai bien regardée il y a quelques jours pour savoir. Je me suis dit 'Mais c'est quand en fait?' Là, elle rentre dans ma tête pour que chaque chose que je fais aujourd'hui soit optimisée, efficace pour ce 1er août.

Il y a de l’excitation?

Oui et non. Quelque part, il reste encore 100 jours. Il faut être excitée au max au 1er août. C'est plus quand je vois mes proches que je le suis. Ils se disent que c'est génial.

Il y a aussi une cérémonie d’ouverture, qui s’annonce particulière…

Je pense que ça va être incroyable. J'ai envie de profiter de chaque instant. Ce n'est pas tous les jours des JO à la maison. Il faut que je profite. J'ai tendance à être très focus sur mes objectifs.

Et rendre fière votre famille? Tout le monde sera là?

J'espère qu'ils pourront être là malgré places limitées. Je n'ai pas voulu acheter de place avant d'être sélectionnée. J'espère qu'il restera assez de places pour que tout le monde soit présent.

Propos recueillis par Léna Marjak