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Judo: "On n'est pas copines, mais il y a du respect", Malonga raconte sa bataille avec Tcheuméo pour les JO de Paris 2024

jeux Olympiques Paris 2024
Invitée sur RMC dans l'Intégrale Sport, Madeleine Malonga, judokate de l'équipe de France en -78kg, est revenue sur la bataille qu'elle a livrée avec Audrey Tcheuméo pour décrocher sa place aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Il y a un peu plus d'une semaine, le 5 avril, la Fédération française de judo a officialisé le choix Madeleine Malonga plutôt qu'Audrey Tcheuméo pour les Jeux olympiques de Paris 2024 dans la catégorie -78kg. Après une grosse bataille livrée dans cette quête des Jeux, Madeleine Malonga est revenue notamment sur la relation qu'elle entretient avec Audrey Tcheuméo, dans l'Intégrale Sport sur RMC.

"Cette dernière année n'a pas été simple "

La judokate française est tout d'abord revenue sur une année de qualification olympique qui est loin d'avoir été facile. "C'était très difficile mentalement de s'accrocher pour aller chercher cette sélection mais aujourd'hui c'est chose faite donc je suis contente mais c'est vrai que cette dernière année n'a pas été simple."

La concurrence avec Audrey Tcheuméo a visiblement affecté leur relation. "Aujourd'hui, c'est vrai qu'on est clairement des adversaires ou tout du moins des concurrentes, après, j'ai envie de dire que ce n'est pas facile d'accepter cette concurrence et surtout chaque personne la gère comme il peut. Il y a des personnes qui vont très bien gérer la concurrence et qui vont pouvoir être amie avec leur concurrente et puis d'autres non. Parfois, quand ce n'est pas notre choix il faut respecter le choix de notre concurrente. C'est vrai qu'on n'est pas copines mais il y a quand même je pense, du respect au fond de chacune."

Si certains sports font parler le mental, le judo est un sport qui demande aussi de montrer qui est le plus fort physiquement pour être au sommet. "C'est vrai que le judo c'est un sport de combat et cet affrontement physique, je trouve qu'il accentue aussi cette concurrence", poursuit Malonga. "Parce que je trouve que lorsqu'on est en concurrence sur un sport comme les frères Popov (en badminton), même si c'est un autre sujet parce qu'ils sont frères, quand il n y a pas ce contact physique je trouve que c'est différent. Alors que là pour le sport de combat il y a un rapport de force, de domination aussi, ce n'est pas simple à gérer."

"Il faut juste respecter mais c'est dur"

Avec une seule athlète par catégorie de poids pour chaque nation, le règlement olympique est sévère pour les grands pays comme la France et le Japon. "C'est vrai que faire une sélection qui se base sur le ranking (classement) olympique ce serait cool, après ce sont les règles aujourd'hui donc on s'adapte, on fait avec les règles du moment. En même temps, cette concurrence nous transcende, elle nous pousse dans nos retranchements, dans nos limites et quelque part ça nous pousse à devenir plus fortes. Mais je pense aussi qu'il faut avoir une pensée dans mon cas pour Audrey (Tcheuméo) ainsi que les autres Françaises qui ont été numéro 2 et n'ont pas été titulaires."

Madeleine Malonga a eu quelques mots pour plusieurs athlètes qui manqueront les JO. "Je pense qu'il faut aussi se dire que c'est vrai on n'est pas numéro 1 française pour pouvoir être qualifiée mais on n'est pas non plus nulle, on est très fort et chacune a un palmarès de dingue, je pense par exemple à Blandine Pont qui n'a pas été retenue en 48 kilos et qui a fait une saison incroyable. Dans ma catégorie, il y a Audrey (Tcheuméo) et il y a aussi Margaux (Pinot, -70kg) ou Julia (Tolofua) dans la catégorie de Romane (Dicko, +78kg), c'est une concurrence de dingue. Il faut juste respecter mais c'est dur, c'est difficile mais ça n'enlève en rien notre niveau et j'ai vraiment une pensée aux copines parce qu'aujourd'hui je souris mais ça aurait pu être l'inverse et c'est vrai que dans des moments comme ça, ça peut être très, très difficile mentalement."

Après toute cette tension, il va falloir désormais se concentrer sur les Jeux olympiques. "J'ai pu avoir déjà deux semaines de coupure, ça m'a fait du bien, je reprends l'entraînement lundi et puis c'est vrai qu'il y a des tensions sur le fait de ne pas savoir, ne pas avoir les idées au clair. Mais maintenant on va rentrer dans notre processus de préparation et puis on est focus sur l'objectif afin de ramener le plus de médailles possibles."

Après l'argent aux Jeux de Tokyo, l'objectif affiché est la médaille d'or, seule distinction qui manque au palmarès de Malonga. "Je suis actuellement numéro 5 mondiale et il va me rester des compétitions où je vais pouvoir grimper dans le ranking (classement). Il y a un Grand Slam ou les Championnats du monde en mai, je ne sais pas encore sur quelle compétition je serai envoyée donc ça peut encore monter à ce niveau-là, et puis évidemment l’ambition pour les Jeux c'est la médaille d'or, c'est la seule médaille qui manque à mon palmarès et je pense qu'en plus en ayant les Jeux à la maison ça va nous transcender, le public sera avec nous, on sera à la maison donc je vais tout donner."

Lohan Lebreton